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Ce qui ne dépend de rien

Publié le 29 juin 2011 par Anargala
Ce qui ne dépend de rienKâlî sur Bhairava, très rare représentation de cette déesse
Musée de Pattan


Dans
la tradition de Kâlî (kâlînaya, kâlîkrama), Shiva interroge la Déesse :

Ô Śaṅkarī !

Révèle ce qui est dans le cœur des yoginī, ce qui est indépendant des jours lunaires et des heures fastes, ce qui ne requiert pas de lieux, ni de moments (particuliers), etc.,

Révèle ce qui est affranchi des signes conventionnels des (différents) sites (sacrés), avec (leur) constellations et leurs planètes,

Révèle ce qui ne dépend pas des gestes sacrés ni des formules, ni des couleurs comme le rouge, etc., Révèle ce qui ne dépend pas d'un rituel quotidien, ni d'une offrande au feu, ni (de l'offrande) d'eau parfumée de fleurs, ni de l'offrande d'huile,

Révèle ce qui ne dépend pas du rituel d'invocation (d'une divinité), ni de vœux quand à la manière de se conduire,

Révèle ce qui ne dépend pas des (techniques) spéciales comme les remplissages, les vidages ou les rétentions (du souffle)!

Kramasadbhāvatantra, 1, 69-72


Vous remarquerez que ce discours est en grande partie une déconstruction du tantrisme. C'est un des points que cette tradition ultra-secrète a en commun avec des traditions bouddhistes comme la mahâmudrâ et le dzogchen. D'ailleurs, ces trois courants donnent le pays d'Oddiyâna (la vallée du Swat au Pakistan) comme lieu de révélation de leurs enseignements essentiels. Au sujet de la mahâmudrâ, voyez cet excellent billet. L'une des thèses de l'auteur de ce billet - thèse que je partage - est la tension entre la voie de la connaissance et la voie des techniques. On retrouve cet antagonisme dans la tradition kagyu de Gampopa, mais aussi dans l'histoire du (des ?) dzogchen. Comme j'ai essayé de le montrer dans plusieurs billets, le dzogchen tel qu'on le présente aujourd'hui est le résultat de luttes entre différents points de vue.
N.B. : cette Kâlî-là n'a rien à voir avec la Kâlî du Bengale. De plus, pour être précis, je dois ajouter que la déesse sur la photo n'est pas exactement la Kâlî du Kâlîkrama, appelée Kâlasamkarshanî "Celle qui met le temps en pièces", mais Siddhilakshmî. Toutefois, leur iconographie (dhyânashloka) est identique. Autrement dit, cette Siddhilakshmî est un clone népalais de Kâlî.

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