Cher lecteur,
Aujourd’hui je veux te parler d’un livre lumineux. “Journal” d’Hélène Berr chez Tallandier. Il faut le lire ! C’est un devoir !
“J’écris car il faut que les autres sachent. (…) Car comment guérira-t-on l’humanité autrement qu’en lui dévoilant d’abord toute sa pourriture, comment purifiera-t-on le monde autrement qu’en lui faisant comprendre l’étendue du mal qu’il commet ?” Le 9 novembre 1943, elle évoque l’arrestation par les gendarmes d’un… bébé de 2 ans : “Qu’on en soit arrivé à concevoir le devoir comme une chose indépendante de la conscience, indépendante de la justice, de la bonté, de la charité, c’est là la preuve de l’inanité de notre prétendue civilisation.”
Ces phrases d’une justesse inouïe sont tirées de ce Journal écrit entre 1942 et 1944 par cette jeune juive française. Elle raconte ses émois d’adolescente et en même temps l’horreur qui monte : les lois antijuives, la rafle du Vel d’Hiv’, les déportations…Et surtout elle réfléchit sur la condition humaine.
Ses mots sont plein d’humanité, de désillusions sur l’Homme et en même temps, plein d’espoir. Ce livre est un témoignage, une plongée dans l’histoire mais aussi un vrai roman poétique.
Il entre en résonnance avec l’une des déclarations de notre cher président selon laquelle “la France n’a pas inventé la solution finale“…Elle l’a juste facilitée aux Allemands…
“Maintenant, je suis dans le désert”, lâche Hélene le 27 octobre 1943. Où peuvent bien aller ces wagons de déportés ? Les interrogations sur les déportations se font plus vives à partir de novembre 1943 : “On a parlé aussi des gaz asphyxiants par lesquels on aurait passé les convois à la frontière polonaise. Il doit y avoir une origine vraie à ces bruits.” ; “Pourquoi ces déportations ? Cela ne rime à rien. Faire travailler ceux-là ? Ils mourront en route.” ; “(…) maintenant ce sont les familles que l’on déporte : où pensent-ils en venir ?” “Il n’y a sans doute pas à réfléchir, car les Allemands ne cherchent même pas de raison ou d’utilité. Ils ont un but : exterminer.”
Arrêtée le 8 mars 1944, elle meurt en 1945 à Bergen-Belsen, quinze jours avant la libération du camp par les Anglais.
Vous l’aurez compris c’est un très grand livre qui suscite des émotions que seule la littérature peut provoquer.