Décembre 2009. C'est à cette époque que deux journalistes de France 3 sont enlevés, et sequestrés, par un groupe de joyeux rigolos, accessoirement islamistes. Un enlèvement qui énerve le gouvernement, qui commence à en avoir assez de ces incidents de parcours. D'où des déclarations publiques plutôt désagréables du Président de la République et du Premier ministre, qui évoquent le coût pour la République d'opérations de libération d'otages, surtout de journalistes. Bonne nouvelle, hier, reprise par tous les médias : après un an et demi de captivité, les deux journalistes français otages en Afghanistan sont libres. On n'a bien sûr pas de détails quant aux contreparties exigées par les ravisseurs, ou éventuellements consenties par la France. Le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé a assuré que «la France ne paie pas de rançons». Son collègue de la Défense, Gérard Longuet, est moins catégorique : il «ne pense pas» qu'une rançon a été versée. Pourtant, plusieurs connaisseurs de barbouzeries en tout genre, ne croient pas à la thèse de la gratuité des échanges entre méchants talibans et gentils services secrets. Les organisations de combat islamiste ont besoin de beaucoup de sous pour vivre (et laisser mourir). Pluisieurs dizaines de millions d'euros auraient été versés au pot pour la libération de Ghesquières et Taponier.
Tant mieux, ils sont vivants, et libres. Ca n'a pas toujours été le cas. En janvier dernier, deux otages français, enlevés au Soudan, ont été tués lors d'une hasardeuse tentative militaire de libération. Et on se rappelle de l'affaire d'Ouvéa, en Nouvelle-Calédonie, où le gouvernement Chirac avait choisi la manière forte juste avant les élections présidentielles de 1988. Succès mitigé électoralement, mais fort au niveau pompes funèbres. Le duo Pasqua-Chirac, qu'on retrouve d'ailleurs en 1988, encore, toujours, pour la libération miracle des otages français Marcel Fontaine et Marcel Carton, diplomates, et Jean Paul Kauffmann, journaliste. Une libération qui tombe pile poil juste avant le second tours des élections présidentielles, qui verra François Miterrand l'emporter sur Jacques Chirac.
Alors, le soupçon existe : la libération de Ghesquières et Taponier ne tomberait-elle pas à point nommé pour redorer le blason de Nicolas Sarkozy ? Ce serait mesquin de le penser. Mais on ne peut pas s'en empêcher.On doit avoir mauvais esprit, au Pirate. Et c'est vrai qu'on n'est pas otages en Afghanistan.
François GILLET