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Banderille n°369 : 12 heures que nos confrères téléspectateurs sont retenus prisonniers…

Publié le 29 juin 2011 par Toreador

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Par Toréador | juin 29, 2011

Heureux les journalistes, car la télévision est à eux !

Cela faisait déjà 500 jours que la petite élite médiatique du monde germano-pratin avaient élevé la cause d'Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier en grande cause nationale. Sans qu'on s'interroge ex ante sur le degré d'intérêt du téléspectateur pour le long film de leur prise d'otages, on nous avait asséné, jour après jour, le décompte implacable des jours de captivité. Avec la libération des deux hommes, la chaîne publique France 2 n'a pas hésité à consacrer 50% de son Jité à ce grand évènement national : interviews de Juppé, et de la famille des deux journalistes ; réactions émotives des collaborateurs et amis ; grandes analyses creuses sur les circonstances de l'Evènement. 

L'information pure tient en deux lignes : deux journalistes, retenus depuis 18 mois en Afghanistan, ont finalement été libérés sains et sauf, moyennant probablement rançon. 

Sancto Subito !

Tout le reste n'est que pure émotion, livrée sans pudeur à l'écran. Le téléspectateur, un peu gêné, assiste à ces effusions entre soi. Il assiste impuissant au détournement de son poste par une petite centaine des personnes qui choisissent ce jour là de devenir les héros de leur outil de travail. Pour les otages non-journalistes ou non-boboisants, aurait-on fait autant de buzz ? Hervé et Stéphane viennent grossir les rangs des martyrs journaleux, entre Sainte Florence et Sainte Ingrid. 

On a assisté au cours du procès en béatification à une enfilade de perles – la meilleure étant celle du père de l'un des deux otages qui considère que c'est "la mobilisation populaire" qui a joué. Mieux vaudrait remercier la DGSE et l'Etat qui a dû raquer… Le pompon a été gagné haut-a-main par le maire de la petite commune d'où est issu l'un des deux otages, et qui en a profité pour raconter "comment la mairie avait été tous les jours aux cotés de la vieille mère de l'otage, en lui faisant même du jardinage et ses courses…". A quoi ça tient, une réélection !

Toute à leur joie, la petite bande du paf, ignorant superbement les évènements plus mineurs – la victoire de Tsonga ? le remaniement ministériel ? – ont simplement oublié qu'ils n'étaient que les concessionnaires d'un service public et que, même si leur joie est compréhensible, la télévision ne leur appartient pas…

Sujets: Banderille, Toréador critique littéraire et médiatique | No Comments »

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