Neil Harbisson a vingt-huit ans et se défini lui-même comme un cyborg. Par rapport à la définition que donne le dictionnaire de la Real Academia Española, Neil a en effet toutes les caractéristiques du cyborg, c’est-à-dire c’est un être formé par de la matière vivante et des dispositifs électroniques.
Harbisson a en plus la curieuse propriété d’être le premier cyborg qu’un gouvernement reconnait comme tel. Cela lui a permit de se libérer des nombreuses entraves bureaucratiques qui refusaient que le eyeborg (le dispositif électronique qu’il porte), soit considéré comme une partie de son corps et non comme une simple prothèse. C’est ainsi que Neil a pu apparaitre dans le passeport anglais avec son œil bionique (qu’il porte sur le front comme une antenne).
Harbisson souffre d’achromatopsie, ce qui lui empêche de voir les couleurs et donc il voit le monde en noir et blanc. À travers de son eyeborg, qu’il a lui-même créé avec l’aide d’un ingénieur en électronique, Neil perçoit les ondes qui sont émises par les couleurs et les convertit en fréquences qui arrivent à son oreille par vibration osseuse de son crane, se transformant en notes musicales. C’est ainsi que se crée un système que Harbisson lui-même a appelé sonochromatisme, grâce auquel il réalise des tableaux et des portraits sonores. Le but est de percevoir les couleurs à travers de l’oreille, dit le jeune londonien. À travers du software informatique qui est uni à son cerveau, Harbisson est devenu un compositeur et un artiste visuel.
Mais ce n’est pas tout ce que le jeune homme a fait. Considérant toutes les nécessités qui manquent à ce nouveau genre, Harbisson a créé une fondation dédiée aux cyborgs, qui promeut la conversion d’humains en hybrides et qui est la première institution avec ces caractéristiques. L’organisation utilise la cybernétique pour étendre le potentiel des sens et cherche à explorer les limites de la technologie pour que celle-ci soit utilisée non comme un simple outil mais plutôt comme une application de plus du corps humain. L’organisation cherche aussi à se spécialiser dans la création d’événements et contenus en relation avec la musique, l’art et le théâtre, avec des cyborgs comme pratiquants de ces disciplines. Harbisson se prend lui-même pour exemple du potentiel de cette étroite relation avec la technologie.
La fondation se propose aussi de défendre les droits des cyborgs, qui se trouvent éventuellement face à des barrières propres à une loi qui n’a pas encore beaucoup de précédents dans ce genre de cas. Les problèmes qui surgissent de la part de la communauté sont généralement d’ordre moral et éthique, communauté qui est très souvent conservatrice au moment d’accepter ces hybrides qui proposent une nouvelle ère. Selon le jeune cyborg le groupe juridique de la fondation existe pour trouver des solutions à ce type de dilemmes.
La Fondation Cyborg à déjà reçu de nombreuses aides financières, principalement depuis qu’elle a obtenue le prix Cre@atic 2010, une distinction que donne la mairie de Mataro et la Fondation Tecnocampus aux meilleurs propositions dans le domaine de la technologie et de l’innovation. La fondation compte aussi avec un groupe de psychologues et de neurologues qui insistent pour trouver des nouveaux sens aux sens existants et cherchent à ce que les personnes décident de devenir des cyborgs par choix et non par nécessité médicales.
Laura Aurelia