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Le mouvement de la photographie ouvrière au Reina Sofia de Madrid

Publié le 29 juin 2011 par Cardigan @onlyapartmentsF

Maintenant on dirait que ces années n’ont jamais existé, mais il y a eu un temps où l’esprit révolutionnaire secouait et faisait trembler le monde. Bien que bloqué dans un seul pays, bientôt il a été brutalement trahi par ses dirigeants (qui étaient révolutionnaire car ils n’avaient rien et qu’ils voulaient commander au lieu d’être commandés et non par ce qu’ils croyaient en un monde où personne ne serait au dessus de personne). La tentative de transformation communiste du monde a été la principale à apporter, pendant le vingtième siècle, un état de bienêtre et de protection sociale aux pays démocratiques européens, état qui n’avait jamais encore été vu depuis que notre conception de l’état existe.

fotografia obrera

En effet, ce qui pour les citoyens des pays du bloc de l’Est, en commençant par l’Union Soviétique, dont la dérive nationaliste (et profondément antisémite) sous la dictature de Staline l’a converti très vite en un pays national-socialiste, a été un authentique enfer de persécutions et de privations qui s’est prolongé pendant des décennies et qui a établi une sinistre et peut-être irréversible identité entre le communisme et la truculente politique en vigueur dans ces états (réalité essentiellement antithétiques qui sont cependant fermement fusionnées dans l’imaginaire d’une grande partie de la population mondiale). Cela a été une véritable bénédiction pour ceux du bloc occidental, car la peur d’une possible révolution communiste a provoqué de la part des pouvoirs économiques de progressives concessions au public et au bien commun desquels ils ont profité durant de nombreuses années.

La mesure dans laquelle cela a été comme ça nous vient peut-être de la rapidité avec laquelle les droits civils conquis par les travailleurs pendant des siècles de lutte sont démantelés implacablement depuis la chute du mur de Berlin. Dans un processus terrifiant dont la dernière expression, proche au paroxysme, est celle que nous vivons actuellement avec l’utilisation de l’argent public pour payer les dettes abyssales contractées par les banques et les marchés internationaux à cause de leurs pratiques super spéculatives. Ruinant le présent et le futur de plus d’une génération d’européens, pendant que leurs gouvernements suivent exactement les politiques que leur imposent ces mêmes banques et marchés dans la plus flagrante impunité.

L’excellente exposition Une lumière dure, sans compassion : Le Mouvement de la Photographie ouvrière, 1926-1939, qui peut être visitée au Centre d’Art Reina Sophia jusqu’au 22 aout prochain (http://www.museoreinasofia.es/index.html) nous revoie à cette époque de la première moitié du vingtième siècle où la gauche était synonyme de dénonciation et d’espérance. Qui sont représentées dans la rhétorique fondamentale de ces photos, d’un coté celle qui conduit à documenter de façon fiable et sans contemplations (selon les mots de Edwin Hoernle : Nous devons proclamer la réalité prolétaire dans toute sa laideur, avec sa dénonciation à la société et son exigence de vengeance… Nous devons présenter les choses comme elles sont, avec une lumière dure et sans compassion.) la situation de misère, l’exploitation et l’indignité du prolétariat. Et d’un autre coté celle qui mène à la construction d’une nouvelle époque où se reflèterait le rôle hégémonique de la nouvelle classe dominante dans le monde, à travers de laquelle on arriverait finalement à l’élimination de toute oppression, incluant celle de l’état.

Paul Oilzum Only-apartments Author
Paul Oilzum


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