Le 28 juin prochain, je déposerai officiellement ma candidature aux Primaires du Parti socialiste qui doivent désigner celui ou celle qui sera notre candidat à l’élection présidentielle de
2012.
Si, jusqu’à très récemment, la candidature de Dominique Strauss-Kahn s’imposait, sa mise à l’écart exige un sursaut.
La réalité, aujourd’hui, est que je ne trouve pas, dans le paysage de mes contemporains, celui ou celle qui s’imposerait comme le plus fidèle garant d’une gauche moderne, populaire, juste et
crédible aux yeux de tous.
C’est donc ce qui me pousse à reprendre ma marche en avant.
Les primaires qui vont s’ouvrir sont une opportunité exceptionnelle de remobiliser la gauche mais aussi, l’ensemble de la société française. C’est donc un immense honneur pour moi d’y
participer.
Depuis deux ans, je sillonne le pays pour sonder ses attentes, ses aspirations, recueillir ses angoisses mais aussi ses élans, ses initiatives et ses espoirs.
J’ai vu une France affaiblie et souvent meurtrie par les morsures de la crise et du chômage. J’ai vu la souffrance des classes moyennes, des ouvriers et du monde paysan, une jeunesse inquiète
pour son avenir, des retraités précarisés. J’ai vu des services publics fragilisés.
J’ai vu une France qui doutait parfois de ses capacités de rebond, une France qui désespérait de ses responsables politiques et économiques. Mais une France qui, malgré tout, continuait d’y
croire, parfois sans même savoir pourquoi, ni comment. Malgré ces incroyables difficultés, j’ai été frappé par le refus de sombrer, le refus d’abandonner, le refus de se laisser aller.
Aujourd’hui, je veux porter cette force, je veux porter ces regards, ces voix qui disent « non », qui disent « il faut que cela change», qui disent « assez de Nicolas Sarkozy».
Si je suis candidat à l’élection présidentielle pour la gauche, c’est pour diriger ce pays. Pour orienter ses forces vives vers des projets partagés, relever ceux qui sont à terre et qui,
pourtant, ne veulent pas lâcher.
La France est un pays magnifique, aimé, désiré, dans le monde entier pour son histoire, sa culture et sa langue. Encore aujourd’hui, des quatre coins du monde nous sommes un phare. Regardons le
printemps arabe. Même libérés des dictatures, les peuples expriment leur désir de nous rejoindre. Certes, notre lumière a décliné, mais elle oriente encore, toujours, les âmes insoumises qui
aspirent à la liberté et au droit au bonheur.
C’est pour cette raison que nous devons retrouver toute notre place dans le concert des nations en réaffirmant notre volontarisme dans le projet européen.
Je veux être un passeur. Le message que je porte ne m’appartient en rien, c’est celui de cette France de l’insoumission, c’est celui des Français qui aujourd’hui continuent d’espérer et de tenir
la dragée haute aux difficultés.
C’est un message inconditionnellement optimiste. Optimiste dans sa fidélité au génie de la France, optimiste dans la capacité des Français à se dépasser, optimiste dans notre avenir commun. Qui
d’autre que nous, peut miser sur notre avenir ? Qui d’autre que nous, peut prendre notre destin en main ? Qui d’autre que nous, peut mesurer nos forces et notre envie de changer la donne ?
Personne d’autre que nous. Nous, les Français héritiers d’une Nation qui n’appartient qu’à ceux qui la désirent et qui veulent en renforcer le génie.
C’est cette France sublime qui m’a accueilli, qui m’a adopté parmi les siens, lorsque j’en suis devenu le citoyen à l’âge de vingt ans. C’est cette France désormais fragile qui m’engage à tout
lui rendre, à tout lui donner.
Je ne me sens pas responsable d’un quelconque fardeau qui pèserait sur mes épaules, mais habité par une conviction, par une envie et par une énergie. Habité par la conviction qu’il faut relever
la France et qu’avec les Français nous le pouvons, habité par l’envie de porter leur message, habité par l’énergie de traduire les aspirations en actions.
Redresser un pays comme le nôtre, orienter ses forces vives, redonner la dignité à ceux que tout afflige, exige un nouvel élan, une énergie du changement sans précédent. Elle s’alimentera de
l’expérience et de la volonté de chaque Français. La période qui s’ouvre à nous est exigeante mais elle doit mobiliser et galvaniser chacun. Le prochain chef de l’État devra donner l’impulsion
pour que cette énergie se diffuse dans l’ensemble du corps social.
Rien ne sera facile, ni acquis. C’est pourquoi, je souhaite porter cette énergie dans la plus grande vérité. Je ne promettrai rien que la France et les Français ne pourront tenir pour eux-mêmes
et pour les générations futures.
La politique a changé. Si hier, on pouvait promettre par d’obscurs petits arrangements avec les réalités, ce que l’on ne pouvait tenir, aujourd’hui, cette façon de se conduire a été balayée par
la lumière aveuglante de la vérité. La situation de nos comptes publics et sociaux, le niveau de la dette, nous obligent à de la lucidité et à de la sagesse.
Mon combat est, justement, celui de l’avènement d’un discours de vérité. C’est aussi celui d’une réduction des injustices sociales et celui d’une efficacité économique, protectrice de
l’environnement et vectrice de richesses, pas uniquement pour les puissants, mais pour chacun.
Je le mènerai avec l’exigence de représenter, non une nouvelle génération, mais de nouveaux visages, de nouvelles énergies et de nouveaux talents.
Maire d’une ville de banlieue, candidat de la gauche d’aujourd’hui, je le mènerai aussi en m’appuyant sur la longue expérience de terrain que j’ai acquise, avec la volonté de faire vivre ensemble
les différences, avec la fermeté nécessaire pour rétablir l’ordre et avec pour horizon : une République en action, une laïcité forte et une Nation sereine.
Au lendemain de la plus grande crise financière du capitalisme, il faut comprendre que la richesse, le bonheur, ne peuvent plus se mesurer uniquement en termes monétaires…
L’Homme doit redevenir le cœur de l’action politique et citoyenne. Dans cette perspective, la gauche – qui devra se hisser à la hauteur des enjeux – possède les clefs du changement.
Cet effort considérable exige la participation de chaque femme et de chaque homme de ce pays. Alors que le président de la République actuel n’a cessé de diviser les Français, de les dresser les
uns contre les autres, nous avons besoin d’encourager, de protéger et de développer toutes les énergies individuelles pour le bien être commun.
Dans cette perspective, je fixerai trois grandes priorités :
D’abord, l’école, la culture et la recherche qui chacune dans son domaine crée les énergies de demain et contribue à l’émancipation en faisant reculer les injustices et les déterminismes
économiques et sociaux.
Ensuite, il s’agit de préserver ces énergies en assurant la sécurité de chacun. L’ordre retrouvé, la justice respectée, c’est la liberté pour tous les individus de pouvoir orienter leur action,
non sur leur seule protection, mais vers l’autre.
Enfin, je veux libérer les énergies créatrices en concentrant les efforts sur la compétitivité de notre industrie et en assurant un climat favorable aux petites et moyennes entreprises qui,
chaque jour, développent des projets et des initiatives bénéfiques pour le pays.
C’est en fixant ce cap, que les Français pourront redresser la tête, espérer et exercer pleinement la liberté de construire leur bonheur.
Source : Blog de Manuel Valls