De sa déclaration de candidature hier à Lille à sa prestation à l'antenne de France Inter ce matin, Martine Aubry a bien du mal à trouver une tonalité qui suscite l'enthousiasme. Et ce n'est pas sa ligne politique qui va changer les choses. Loin d'offrir du rêve à des Français plongés dans la grisaille, la Maire de Lille s'inscrit dans une démarche laborieuse de redressement national.
Cache ta joie. Martine Aubry, le reconnaît elle-même, elle n'aime pas la communication pas plus que les journalistes. C'est embêtant pour ne pas dire préjudiciable pour quelqu'un qui aspire à la magistrature suprême d'autant que cette réserve à aller vers l'autre par média interposé est manifeste.
Qui est vraiment Martine Aubry ? La fille de Jacques Delors semble comme Janus avoir deux visages selon qu'elle soit dans son fief Lillois ou à Paris. Empathique comme élue locale, elle apparaît vite comme autoritaire et dogmatique en responsable nationale. Outre le souvenir des 35 heures, le sparadrap de papa lui colle aux doigts avec ce soupçon d'hésitation permanente ravageur auprès des futurs électeurs des primaires. Désormais candidate déclarée, Martine Aubry n'a pas pour autant fendu l'armure. La Merkel du Nord a il est vrai un incontestable côté diesel. C'est long à chauffer, c'est un choix de raison plus qu'un coup de cœur mais, une fois en marche c'est fiable et solide.
L'image, toujours l'image. La difficulté immédiate pour Martine Aubry, c'est de passer d'un discours de Première secrétaire marqué par le collectif et l'emploi du "nous" à un registre de présidentiable dans lequel tout se focalise et repose sur une unique personne. D'où d'ailleurs ce ressenti que l'engagement de Martine Aubry relève plus du devoir, du sacrifice, que de l'irrésistible envie.
Si hier à Lille la candidate à la primaire socialiste a employé 28 fois le "je" en 12 minutes, sur France Inter le "nous" est revenu assez vite. Contrairement à François Hollande ou Arnaud Montebourg, Martine Aubry n'est pas une bonne oratrice et elle le sait. Desservie par la faiblesse de sa dialectique, ses concepts parfois innovants, tel le care, se noient dans la longueur de ses propos dépourvus de rythme. C'est sans doute ce qui explique son peu de goût pour la communication et à l'inverse, sa recherche et sa préférence pour les contacts directs.
Si la Maire de Lille a fait le choix de faire du redressement la France l'axe de sa campagne, elle a pourtant été bien en peine de sortir des généralités. Echaudés par les prestations de Ségolène Royal face à Nicolas Sarkozy en 2007, les électeurs des primaires prendront-ils le risque de se choisir une championne qui pourrait vite se retrouver mise en difficulté face à un président sortant rompu aux ficelles de la communication et de l'art oratoire ?
Il serait paradoxal que dans un duel Aubry-Sarkozy, génére un front renversé avec un président au bilan très contrasté évoquant la sortie du tunnel et des jours meilleurs et de l'autre, une représentante austère de la gauche qui ne puisse promettre dans l'objectif du redressement national que des efforts et des impôts. C'est sans doute pour cette raison que François Hollande a pris le soin d'adjoindre à son programme de refonte de la fiscalité un volet très important sur la jeunesse.
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