Son étude devait prendre
la tournure d’un hommage à cet écrivain qui avait déchiffré dans ces plaines
froides les plus belles de ses lignes. Jan, (ou Jens, on ne s’accordait pas
bien là-dessus) était arrivé ici aux alentours de 47 avec peu de bagages et le
projet de ne rester que le temps d’étudier l’implantation d’une exploitation
minière. Le projet s’avérait extravagant et vite abandonné. Jan, lui, n’était
jamais vraiment parvenu à rentrer. Etait-ce folie de parler aux arbres ? D’écouter
le souffle lent de l’étendue ? Réhabiliter ce qu’il y avait bien lieu
d’appeler une œuvre justifiait la bourse, somme toute modeste, qu’il avait
sollicité, mais son projet, il devait en convenir, tournait court. La forme la
plus appropriée pour esquisser la silhouette de l’homme s’approchant d’une
sorte d’excavation, l’expression d’un regard nu, d’un simple regard baigné de
silence. Trouer les feuillets pour y laisser passer le vent qui remontait du
fleuve n’aurait pas semblé plus absurde qu’écrire une ligne sur celui qui, à
tout vérifier, n’en avait écrit que de rares se contentant de longue
méditations solitaires auxquelles s’agrippaient sa légende.C'était ça Jan: un silence qui prenait forme dans une percée à travers la langue. photo: Charly Broyez