Jean Deydier, président d' Emmaüs Défi, David Menasce, professeur associé à la chaire Entreprise et pauvreté à HEC, et Pierre Victoria, directeur adjoint du développement durable de Veolia Environnement, ont publié dans Le Monde la tribune "De nouveaux partenariats pour l'économie sociale". Le propos de cette tribune est de défendre le développement des partenariats public-privé (PPP) dans un esprit d'économie sociale. Ce que Muhammad Yunus, fondateur de la Grameen Bank et Prix Nobel de la Paix, appelle le social business. Lors de sa venue en France, en avril dernier, Yunus avait d'ailleurs participé à un colloque sur du Conseil économique, social et environnemental (CESE) à sur le social business. A cette occasion, il avait cité plusieurs projets sociaux portés par des multinationales : le joint-venture Danone-Grameen pour créer un yaourt enrichi en nutriments destiné aux enfants du Bangladesh ; le joint-venture entre l'ONG Cure 2 Children et le Grameen Healthcare Trust, destiné à soigner la thalassémie ; ou encore le projet Grameen Veolia Water, permettant de distribuer de l'eau potable à un village au Bangladesh.
Le dernier ouvrage de Muhammad Yunus sur le social business.
L'économie sociale est-elle donc l'avenir de l'économie internationale ou un paravent de bonne conscience pour les multinationales ? Dans leur tribune, Jean Deydier, David Menasce et Pierre Victoria se défendent de social washing et défendent un partenariat raisonné entre multinationales, entreprises locales et autorités publiques. Extraits.
Pour un dialogue d'entrepreneurs à entrepreneurs
" Peut-on se risquer à espérer de réels partenariats entre organisations aux mandats et aux cultures certes différents, entre lesquelles la méfiance règne parfois, mais dont seule l'alliance semble à la hauteur des questions sociales contemporaines ? [...] "
" Les grandes entreprises n'ont ni l'expertise ni le temps pour s'imposer comme des "laboratoires sociétaux" de lutte contre la pauvreté. Dans cette perspective, leur rôle n'est pas de se substituer aux petites structures que de soutenir celles dont les solutions auront prouvé leur efficacité dans le temps. C'est dans cette perspective que les partenariats avec des organisations de l'économie sociale prennent tout leur sens : il s'agit bien, une fois des solutions définies à travers des projets pilotes par des associations de les répliquer à plus grande échelle et de les généraliser sur un territoire grâce à la puissance d'entreprises multinationales [...] ".
Partenariat Grameen-Veolia Water pour la distribution de l'eau potable au Bangladesh.
Un meilleur partenariat entre les entreprises et les autorités publiques
" On le sait, la lutte contre la pauvreté ne saurait se limiter à la définition de nouveaux business models si innovants soient-ils, comme il est trop convenu de le dire. Il ne s'agit pas seulement de biens essentiels auxquels il faut donner accès mais aussi de liens sociaux et politiques à construire. C'est donc un projet de transformation sociale qui dépasse la logique de marché pour embrasser de multiples dimensions politiques et institutionnelles ".
" C'est dans cette perspective que les autorités publiques peuvent à la fois apporter leur légitimité de définition de l'intérêt public et leur expertise en termes de politiques sociales. Les responsables politiques peuvent considérablement stimuler ces nouvelles coopérations fondatrices d'une société plus inclusive ".
" Les partenariats que nous appelons de nos vœux, entre entreprises multinationales, entrepreneurs sociaux et élus locaux ne s'inscrivent ni dans une logique d'hybridation - chacun y apporte sa compétence et sa légitimité propre - ni de simple mécénat. Ils reposent au contraire sur une logique d'action collective et de "co-production" de solutions sociales [...] ".
Lire la tribune complète : "De nouveaux partenariats pour l'économie sociale".