Christine Lagarde a fait mardi ses adieux aux députés UMP. Sans attendre son élection à la tête du FMI, intervenue dans la soirée. « Ce qui serait super, c’est que ce soit annoncé avant le journal de 20 heures » pour partager les images télévisées avec Martine Aubry, a plaisanté la ministre de l’Economie et des Finances, suscitant l’hilarité des troupes. Les députés lui ont réservé une ovation. « Un accueil très, très chaleureux », a rapporté Christian Jacob, le chef de file des députés UMP. Succédant à DSK à Washington, Christine Lagarde devait quitter rapidement le gouvernement, ouvrant la voie à un nouveau remaniement. Il pourrait intervenir dès mercredi, avant que François Fillon ne s’envole pour l’Asie. Avant, surtout, la réunion de l’Eurogroupe, ce dimanche à Bruxelles.
Pécresse, Baroin, Le Maire…
C’est peu dire que le poste laissé par Christine Lagarde a suscité des convoitises. C’est peu dire, aussi, que le choix de
son successeur n’a pas été facile à faire. Valérie Pécresse, qui a l’avantage d’être une femme et de bien parler anglais ? François Baroin, la solution la plus logique, souhaitée par de très
nombreux députés UMP et par François Fillon lui-même ? Ou Bruno Le Maire, qui semblait hors course il y a quelques jours encore, mais éviterait d’avoir à trancher entre les deux premiers ? Ou
bien une improbable surprise ? En milieu d’après-midi mardi, la décision n’était, selon des proches de Nicolas Sarkozy, toujours pas prise, malgré une nouvelle réunion à l’Elysée lundi au soir.
« Il sera difficile d’éviter des mécontents », s’inquiète un fidèle.
Même au sein du gouvernement, beaucoup en étaient réduits à scruter le moindre signe. Lundi, lors de la conférence de presse sur les investissements d’avenir, le chef de l’Etat avait dressé les louanges à sa ministre de l’Enseignement supérieur. Mardi, dans la Sarthe, il a loué « le travail remarquable » du ministre de l’Agriculture. Et ne tarit jamais d’éloges, en privé, sur son ministre du Budget, reçu à Matignon, mardi, pendant vingt minutes. Sans que rien ne filtre, là encore, de leurs discussions.
Faire entrer des centristes au gouvernement
Seule certitude : le remaniement sera l’occasion de faire entrer des centristes au gouvernement. Pour afficher l’unité de
la majorité à l’approche de la présidentielle. Et étouffer encore un peu plus dans l’oeuf une candidature de Jean-Louis Borloo à la présidentielle, dont Nicolas Sarkozy ne veut pas entendre
parler. L’Elysée a approché ses fidèles, notamment le radical Laurent Hénart et le Nouveau Centre Jean-Christophe Lagarde. A défaut, le chef de l’Etat devra se contenter d’élus centristes un
peu moins proches de l’ancien ministre de l’Ecologie, comme Jean Leonetti, François Sauvadet ou le secrétaire général adjoint de l’UMP et ancien ministre de la Jeunesse Marc-Philippe Daubresse.
Au sein de la majorité, le retour de ce dernier au gouvernement est depuis longtemps déjà donné pour acquis.
Pierre-Alain FURBURY pour « les echos »