C’est un film incroyablement ambitieux, qui ne se laisse barricader par aucune réserve, qui bouscule les conventions cinématographiques par sa forme mais aussi par sa volonté de s’immiscer dans la peau du pouvoir. Avec une distance évidente, et pourtant, aussi, une intimité qui fascine. Car c’est aussi un film sur ceux qui le font, un portrait personnel et presque involontaire d’Alain Cavalier et Vincent Lindon. On y rit. Un peu. Beaucoup même. On est fier, peut-être, qu’un tel film puisse se faire en France, hors norme, un film de réflexion, un film d’ambition, un film de révolte et pourtant aussi un film d’amusement, où l’on se plait à voir Vincent Lindon se perdre dans les méandres de son identité, entre l’homme et l’acteur qu’il est, et le politique qu’il devient fictivement et se convainc presque qu’il est réellement.
C’est un film comme aucun autre ce Pater. Un film qui ose comme aucun autre. Et qui marque comme aucun autre. Le jury cannois était peut-être trop international pour totalement discerner le film d’Alain Cavalier. Ou bien la compétition était-elle vraiment exceptionnelle cette année, pour que le film n’ait reçu aucune récompense. Mais c’est un grand film, un film qui restera, et c’est finalement ce qui compte le plus.