Chris Igwe, directeur du département CB Richard Ellis Retail
« Le marché français est très difficile à pénétrer pour les enseignes internationales »
CB Richard Ellis vient de publier l’édition 2011 de l’étude « How global is the business of retail », qui présente des résultats parfois surprenants. Décryptage avec Chris Igwe, directeur du département CB Richard Ellis Retail.
Business Immo Commerce: Que vous inspirent les résultats de cette nouvelle enquête ?
Chris Igwe:Londres est redevenu un marché très recherché qui attire les enseignes internationales, notamment américaines. Le Royaume-Uni attire 58% des enseignes internationales concernées par notre étude, suivi de près par les Emirats Arabes Unis (54%), et les Etats-Unis (50%). Après avoir été très prudentes et attentives, les grandes marques réinvestissent dans des pays où la croissance est la meilleure : le Royaume-Uni, la France, le Moyen-Orient, l’Asie, le Japon et la Chine.
BIC:Qu’en est-il en France ?
CI:Le marché français se place en 4e position de notre classement et continue d’attirer les enseignes internationales. Mais depuis quelques années, c’est un marché très difficile à pénétrer pour des enseignes internationales, notamment anglo-saxones et asiatiques, du fait de la notion de droit au bail qui leur est complètement étrangère. L’autre problème du marché français, et notamment parisien, est le manque d’offres disponibles sur le marché. Les bons emplacements sont pris d’assaut par les groupes nationaux et internationaux qui ne les cèderont pas facilement. Les valeurs se maintiennent également à un niveau très élevé. Du coup, les enseignes préfèrent investir sur d’autres marchés, comme celui de Milan ou de Tokyo. Elles ne veulent plus attendre. S’il n’y pas de place à Paris, elles changent de pays pour prendre de nouvelles parts de marché ailleurs dans le monde.
BIC:Plusieurs villes, notamment Dubaï, affichent des résultats étonnants. Comment les expliquez-vous ?
CI:Dubaï a en effet progressé dans le classement et dispute désormais à Londres son titre de capitale du shopping : elle attire 56% de toutes les enseignes internationales. La Turquie également, qui enregistre la plus forte croissance en matière de présence d’enseignes, avec 39% de toutes les enseignes faisant l’objet de l’enquête. Il y a aussi la Pologne, l’Italie, ou encore l’Espagne. Ces pays sont la cible des enseignes internationales, car ils offrent souvent un coût immobilier beaucoup plus attractif et une population très demandeuse de mode, comme en Turquie où la population, très jeune, a soif de nouveaux concepts. Les résultats qui me surprennent le plus sont ceux de l’Espagne : les villes espagnoles comme Valence ou Malaga ont été en 2010 les plus attractives pour les enseignes. Malgré l’importante crise économique que traverse le pays, elles ont souhaité s’implanter sur ce marché pour une bonne raison : c’était le meilleur moment, avec des loyers et des droits d’entrée qui ont fortement chuté.
BIC:Quelles sont vos perspectives pour 2011 ?
CI:Je pense qu’il faut encore faire preuve de beaucoup de prudence. Les chiffres d’affaires des enseignes se sont stabilisés, mais c’est aussi parce qu’elles sont redevenues rentables. Les enseignes ont passé beaucoup de temps pour réduire les coûts d’exploitation pour être plus efficaces. Ce n’est pas encore la folie.
Source: Business Immo Commerce