A propos de La Balada triste d’Álex de la Iglesia 2 out of 5 stars
Carlos Areces
En 1937, un clown est embarqué de force par l’Armée républicaine pour lutter contre Franco mais est fait prisonnier par la garde Nationaliste. Quelques années plus tard, le clown est tué par un général franquiste après que son fils Javier a perpétré un attentat. Trente ans plus tard, en 1973, Javier est devenu lui-même un clown, mais un clown triste, traumatisé et monstrueux, un psychopathe animé par la haine et la vengeance…
Un des scènes d’ouverture de La Balada triste (en espagnol le titre complet est La balada triste de la trompeta) tient du prodige et laisse augurer de la tonalité et de la teneur du film. Un clown hystérique massacre à la machette les troupes de Franco avant d’être stoppé net par une balle.
Carolina Bang
Le début de La balade triste est prometteur, entre ses images d’archives et ses chorégraphies de troupes ennemies s’entretuant « joyeusement ». La suite confirmera cette impression de ballet grotesque et délirant, de farce macabre et sanglante. Le film est construit comme une immense « roue libre », un conte cathartique et exubérant teinté d’humour absurde et de tragique. Entre folie et cynisme, mélancolie et burlesque, dérision et grave.
Javier est un clown amer et frustré, malheureux comme les pierres depuis qu’il a causé involontairement la mort de son père. Privé d’enfance, Javier est un clown triste qui ne peut faire rire qu’en tant que tel. Son père, avant de mourir, lui a lancé sur un ton prophétique que son créneau serait la vengeance. Drôle d’idée que le rejeton applique à la lettre en descendant tous ceux qui l’entourent. Sorte d’enfant monstrueux dont la révolution espagnole aurait accouché.
Carlos Areces
Javier est tombé amoureux d’une acrobate mariée à un autre clown, un type irascible et violent, jaloux et alcoolique qui bat sa femme avant d’envoyer Javier à l’hôpital. Mais Javier, remis sur pied et tombé amoureux de la belle acrobate, prendra sa revanche en cassant la figure (au sens propre) au clown.
A partir de ce triangle amoureux et cette scène où la jeune acrobate se fait taper par son mari, le film prend des allures de tragi-comédie baroque et kitsch qui part dans tous les sens et d’abord dans celui du grand n’importe quoi. Derrière le rire grinçant, l’exagération voire l’outrance des situations, il y a les fantômes de la révolution qui remontent. Les réminiscences sombres de la dictature de Franco (1892-1975) sont celles qui viennent ronger Javier, malade mental jamais remis de son enfance.
Devant un scénario qui multiplie les scènes grand-guignolesques et les situations incongrues (Javier, après avoir vécu nu comme un animal dans la forêt rencontre Franco qu’il mord à la main !), force est de constater un certain désarroi. Non pas parce que les scènes de carnage (bouquet final à la vallée de Los Caïdos) où le côté complètement délié du scénario décontenancent (Javier assiste à l’attentat de Carrero Blanco, tué par l’ETA en 1973) mais parce que derrière tous les modèles pesants qu’il cite et les influences derrière lesquelles il s’abrite, le clown Javier a du mal à trouver sa propre identité, sa place. Coincé entre Quasimodo et Elephant Man, Cyrano de Bergerac et le clown de Batman. Un peu lourd dans l’ensemble. Malgré un certain culot…
www.youtube.com/watch?v=zTfa2Wu4Tx4
Film espagnol d’Alex de la Iglesia avec Carlos Areces, Antonio de la Torre, Carolina Bang. (1 h 47)
Scénario : 2 out of 5 stars
Mise en scène : 2 out of 5 stars
Acteurs : 3 out of 5 stars
Dialogues : 2 out of 5 stars