Nos lecteurs savent déjà tout du grignotage progressif du bois de Boulogne et du massacre des serres d'Auteuil par la FFT avec la complicité de la municipalité delanoiste.
Cette semaine, la ville a été obligée d'en dire un peu plus sur les conditions financières et techniques de cette occupation. Et le scandale apparaît dans toute son ampleur !
Selon une technique désormais bien rodée de la Voix de son Maire ®, une délibération touffue et complexe, précédée de grandes déclamations sur le bien-fondé et les intentions généreuses de la municipalité, cache ses concessions diaboliques à la FFT dans les détails.
Pour vous simplifier la vie et vous permettre d'aller directement à un essentiel qu'on veut banaliser, retenez de l'accord passé entre la ville et la FFT ceci :
1 - La redevance versée par la FFT est ridicule. Alors qu'un rapport de l'Inspection de la ville, aussitôt publié aussitôt planqué, chiffrait à 17 millions d' euros annuels la somme que la FFT devrait payer pour occuper le site (et encore c'était avant l'agrandissement décidé), on découvre que finalement la FFT ne versera que 3 % de son chiffre d'affaires hors taxes jusqu'à 150 millions d'euros et 6 % au-delà. Sachant que le chiffre d'affaires réalisé en 2010 était de 137 millions d'euros (avec un profit extravagant de 60 millions !), le montant de la future redevance serait, toutes choses égales par ailleurs, de 4, 11 millions d'euros. On restera donc, et pour longtemps, à des niveaux outrancièrement bas. Rappelons qu'il ne s'agit de rien moins que 13 hectares concédés pour 99 ans dans un des quartiers les plus chics et chers de France et susceptibles de toutes sortes d'exploitations commerciales comme on va le voir immédiatement ...
2 - La FFT a en effet le droit d'accorder des contrats de sous-occupation de tous les espaces qu'elle récupère et de conserver l'argent ainsi récolté, en clair de procéder à des quasi sous-concessions. Il est précisé qu'elle peut se livrer, sur les espaces concédés, à des activités non sportives et notamment de la restauration ou des séminaires. Il est également convenu que " l'exploitant .... fixe librement les tarifs d'utilisation et détermine seul la programmation des activités ...". Bref, la FFT peut faire à peu-près n'importe quoi. Quand on sait les tarifs pour les simples cocktails et autres pince-fesses organisés dans ce genre d'endroits et pas seulement au moment d'internationaux de tennis, on vous laisse saliver avec nos "busitennismen".
3 -Les serres d'Auteuil sont annexées et menacées.
La convention indique que les deux bâtiments en meulière dont les toits et façades sont inscrits à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques (dits du Fleuriste et de l'Orangerie) et le nouveau court construit sur l'emplacement actuel des serres chaudes échapperont, même en dehors des périodes de tournoi, au règlement parisien des parcs et jardins. Ces bâtiments de grand intérêt patrimonial sont donc de facto annexés en toutes circonstances. On remarquera aussi que les serres classées de Formigé, situées à un jet de pierres des nouveaux équipements, resteront ouvertes pendant le tournoi et devront donc supporter la présence de dizaines de milliers de visiteurs quotidiens malgré leur fragilité. Enfin, les explications filandreuses sur le fait qu'"une partie des plantes des serres tempérées d'Auteuil" seront déplacées sans dégât vers le bois de Vincennes et que les autres plantes subiront tous ces travaux et transferts ainsi que la présence de dizaines de milliers de badauds pendant le tournoi, ne convainquent évidemment pas les botanistes indépendants conscients de leur fragilité.
4 - La convention est verrouillée pour tenter de rendre le projet irréversible.
Une clause particulièrement scandaleuse prévoit en effet qu'en cas de blocage du projet, concrètement si des recours juridiques finissent par le paralyser, outre le remboursement des études et travaux et les frais de rupture des emprunts et contrats passés par la FFT, une indemnité de 20 millions d'euros sera versée par la ville. Enorme !
5 - Le débat public fait l'objet d'une tentative d'escamotage.
La Commission nationale en charge de ce débat a été saisie par la FFT en juin 2011 mais pour un projet de 273 millions d'euros seulement, légèrement inférieur donc au seuil d'ordinaire retenu par cet organisme pour lancer ses enquêtes et consultations approfondies (300 millions). Or, le chiffre de la FFT exclut la plupart des coûts qui seront pris en charge par la ville, notamment les frais induits par le déménagement des plantes ou, bien plus importants encore, ceux du réaménagement des sites sportifs (stade Hébert, gymnase du Fond des Princes, pelouses d'Auteuil, etc.) qui vont devoir récupérer une partie des scolaires et amateurs chassés par le projet. Une façon pour le tennis de botter en touche, quoi. De plus, la couverture du court Suzanne Lenglen, sous prétexte qu'elle sera envisagée dans une phase ultérieure, est sortie des estimations.
Bref, vous l'avez compris, ici comme aux Halles, pour tenter de faire des coups médiatiques ou se sortir de dossiers mal engagés, Delanoë lâche tout sur tout et brade les intérêts parisiens.
Bon appétit messieurs !