« Rendre à la France sa force, sa sérénité, son unité. » En annonçant, enfin, sa candidature à la primaire organisée par le Parti socialiste, Martine Aubry met un terme à un suspens insoutenable (je blague) et suscite un réel espoir de voir la Gauche revenir au pouvoir. Pas le pouvoir local des régions, des départements et des communes où elle fait la preuve de ses compétences et de ses engagements mais le pouvoir national, celui qui permet de voter les lois, de donner du sens à un gouvernement animé par la justice sociale et le souci d'éduquer et de former.
Pour annoncer sa candidature, Martine Aubry a appliqué à la lettre les règles qu'elle a fait édicter. Pas d'annonce prématurée, pas de campagne larvée. Une certaine rigueur et une certaine morale, ce dont certains manquent cruellement. En proposant de rendre à la France sa force, Martine Aubry signifie qu'elle l'a perdue. Il suffit de lire les dépêche rendues publiques par le site Wikileaks pour constater que Nicolas Sarkozy a été l'homme de Bush et demeure l'homme des Américains. Ils sont en Afghanistan, on y reste (63 morts de soldats français !). Ils s'en vont, on part aussi. En Libye, le piège se referme tout doucement sur l'OTAN et sur la France à court de munitions à la fois en bombes et en arguments puisqu'on est sorti de la résolution 1973 à vocation humanitaire pour livrer une guerre totale à Kadhafi et à ses sbires.
Rendre à la France sa sérénité. C'est de cela que Sarkozy manque le plus. Finalement, il n'a jamais été président. La tunique est trop grande pour lui mais cela ne l'empêche pas de régaler ses amis, ses copains, les mécènes du premier cercle. Agité, Sarkozy ? Assurément. Après qu'il a été la risée des journalistes, des chefs d'états, il a fallu l'arrivée d'Alain Juppé pour retrouver un peu de crédit à l'étranger. Martine Aubry, malgré les bourrasques et les coups de vents — et au PS ce n'est pas cela qui manque — sait faire preuve de fermeté, de continuité et de tranquillité.
Enfin, rendre à la France son unité. Dans notre pays, on sait bien qu'on ne peut pas être d'accord sur tout. Et tout le temps. En période de crise, financière, économique et sociale voire sociétale, il vaut mieux que le (la) président(e) soit un peu au-dessus de la mêlée. L'unité des Français ce n'est pas l'uniformité. L'unité c'est la recherche de l'intérêt du plus grand nombre et surtout l'intérêt de ceux qui ont moins. L'unité ne se décrète pas. Elle est un objectif qu'on s'assigne sur le long terme. Si, par bonheur, Martine Aubry est élue à la primaire socialiste puis devient présidente de la République, ont peut imaginer un quinquennat de réparation et de projets. Comme à Lille. Comme à la tête du PS après le calamiteux bilan de François Hollande.