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Retomber sur Beigbeder et chavirer (à nouveau)...

Par Notsoblonde @BlogDeLaBlonde

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Lecteur, je ne saurais pas très bien t'expliquer pourquoi je m'attache autant à ceux qui suscitent mon admiration autant que mon agacement (bientôt, à ce sujet, je te parle de Louis Garrel). Je constate juste que c'est comme ça depuis toujours et à bien y réfléchir ça n'est sans doute pas sans relation avec la plupart des moments pénibles de ma vie personnelle...Mais bon, je m'égare là. Pourquoi je te parle de ça, là, maintenant, tout de suite, de but en blanc? Parce que j'aime Frédéric Beigbeder et que je sais, je sais bien, qu'il y a mille raisons de le trouver exaspérant mais que j'aime ce qu'il fait. Point. Et que ça me fait presque oublier son image de dandy destroy, de trublion attendu des plateaux de télé et de serial séducteur raffiné. Ouais.

Explications.

Je crois que j'ai dû lire à peu près tous ses livres, c'est pour te dire que c'est pas juste un coup de coeur sur le roman d'un été une fois dans ma vie. Je suis accro à ses formules bien ficelées, à sa franchise affichée et à sa clairvoyance désabusée. Il m'émeut. Tout est dit, c'est la raison pour laquelle je le suis. Donc voilà, le décor est planté, maintenant tu sais, j'aime beaucoup ce qu'il fait (encore que je dois reconnaitre que l'effet que produisent sur moi ses différents travaux est très inégal) et aussi un peu je crois ce qu'il est, avec toute cette fragilité qui transparait dans ce qu'il écrit. Me reste plus qu'à expliquer pourquoi...Extraits.

Je me suis replongée récemment dans "Nouvelles sous Ecstasy" et "L'égoïste romantique" (qui se veut en fait un journal intime livré au public), et voilà ce que j'y ai pioché.

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(Même la quatrième de couv' me plait...)

Je commence par l'égoïste romantique que j'ai vraiment BEAUCOUP aimé :

"Le virtuel est notre refuge contre le vrai".

"L'amour c'est cela. Faire croire à la personne qu'on désire le plus au monde qu'elle nous laisse de marbre. L'amour consiste à jouer la comédie de l'indifférence, à cacher ses battements de coeur, à dire l'inverse de ce qu'on ressent. Fondamentalement, l'amour est une escroquerie". (Je reviens là dessus dans un billet spécial très très bientôt, tu n'imagines pas combien ça me parle...)

"J'aime mon malheur, il me tient compagnie. Parfois, quand je suis momentanément heureux, je ressens comme un manque de douleur. On est vite accro à sa tristesse."

Plus loin ce sont des vers qu'il couche sur le papier, adressés à une qu'il a aimée : 

"je t'apporte toute mon âme:

Ma nullité nonchalamment, 

Mon maigre orgueil, ma pauvre flamme, 

Mon petit désenchantement.

Je sais que tu n'en es pas digne;

Mais suis je digne d'être aimé?

Je sais que tu te crois maligne;

Tu sais que je me crois blasé.

J'ai mesuré l'enthousiasme;

tu as tout senti, tout goûté: 

tu ne crois pas à mon marasme,

je ne crois pas à ta gaieté.

Dans nos amours pas de mystère :

Soyons sérieux ou légers

Sans oublier que sur la terre

Il n'y a que des étrangers."

NDR : Mythique. L'homme qui est capable d'écrire ça peut faire ce qu'il veut de moi. Je n'exagère pas. Ces mots me rendent dingues.

"La musique, a dit Malraux, c'est du bruit qui pense". N'importe quoi. La musique, c'est de la magie qui pleure"

Ailleurs il s'adresse à ses lecteurs :"C'est curieux cette impression que lors de toutes ces petites anecdotes que je raconte, vous n'étiez pas là et pourtant vous y étiez. Vous m'accompagnez partout. Je ne vis ces choses que pour vous les raconter. Si vous ne lisiez pas ceci, je ne le vivrais pas. J'écris pour ne pas perdre la mémoire; vous m'aidez à me souvenir de tout. Ma vie serait encore plus inutile sans vous."

"Kafka a tout raté (amours, travail, famille) pour réussir son oeuvre. Je sens que je n'aurai pas ce courage. Je ne veux pas être triste pour être grand. Je refuse d'être malheureux pour écrire des choses profondes. Je souffre d'un déficit de dépression."

il cite un extrait de La Chute de Camus : "Les auteurs de confessions écrivent surtout pour ne pas se confesser, pour ne rien dire de ce qu'ils savent. Quand ils prétendent passer aux aveux, c'est le moment de se méfier, on va maquiller le cadavre. Croyez-moi, je suis orfèvre".

A un moment il se questionne sur la signification du refrain d'un des tubes d'Oasis "Que peut signifier "tu es le mur des rêves qui me sauvera?" Une heure après, par une de ces coïncidences qui rendent la vie magique, je trouve la réponse dans le roman de Patrick Besson, Accessible à certaine mélancolie (NDR : moi je l'ai lu ce roman et j'avoue ne pas avoir aimé vraiment, m'enfin) : "Il n'aimait pas les femmes, il croyait en elles. Il était sûr que l'une d'entre elles -une parmi des milliards- le sauverait. Il voulait la trouver avant de mourir."

"En ce moment, toutes les filles qui m'allument sont éteintes". Je suis furieux que la phrase de la semaine ne soit pas de moi mais de Moix.

"C'est ainsi, il y a des jours où nous faisons l'amour et des jours où l'amour nous défait".

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Dans NSE, dès l'avertissement qu'il a rédigé en guise d'avant propos, il réussit à m'arracher un sourire : "(...) Et puis avons nous besoin d'une pilule pour raconter notre vie à des inconnus? Alors qu'il y a la littérature pour ça." (NDR : j'adore)

Plus loin...:

"Bordel, quel délice que d'improviser! Une soirée comme une vie n'est réussie que si elle a mal commencé".

"Je suis toujours là, je continue de vivre. Le plaisir présente un avantage contrairement au bonheur : Il a le mérite d'exister".

"Aimer ou faire semblant d'aimer, où est la différence, du moment que l'on parvient à se tromper soi même?"

"Je sens que je vais encore pleurer en repensant à cette histoire. Mais il me faut bien la raconter : Il y a des gens à qui mon exemple pourra peut être rendre service. Ainsi au moins aurais je l'illusion d'avoir détruit la plus belle histoire d'amour de ma vie pour quelquechose.

Tout a commencé par une blague. Je m'en souviens comme si c'était hier. Je lui ai demandé ce qu'elle serait prête à faire pour me prouver son amour. Elle a répondu qu'elle ferait n'importe quoi. Alors j'ai souri et elle aussi. Les inconscients."

Voilà. Je sais que c'est réducteur d'essayer de présenter un auteur à partir de morceaux choisis mais c'est à mon sens le meilleur moyen de faire partager mon émoi. 

J'espère que, si tu ne l'as jamais lu, tu vas te décider à emporter un de ses bouquins avec toi cet été. Je t'encourage d'ailleurs en particulier à lire "un roman français" son roman le plus encensé. Je n'en parle pas ici, il y a déjà eu beaucoup de dires et d'écrits à son sujet. Je l'ai beaucoup aimé. Mais ce n'est pas mon préféré...

Oui tu le remarques peut être, comme l'an dernier, j'ambitionne de reparler un peu plus de livres par ici histoire de te donner des idées de lecteurs à emporter pour tes congés.

To be continued...

Donc.

Bon je termine en musique bien sûr. Avec Anne Sylvestre qui signe une chanson absolument magnifique sur l'écriture et que j'espère faire découvrir à quelques uns qui passeront peut être par là  :

Les paroles sont ici et elles sont juste...sublimes et elles sont ici par exemple. Si tu as déjà écrit toi aussi (des textes personnels où tu te livres un peu je veux dire), ça te parlera forcément. Jamais trop de beau, c'est mon crédo.

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