On suit donc un père ravagé, sa fille enterrée, sa femme internée, qui ne tient que par sa volonté de vengeance. Les flics, le FBI, tous se sont cassés les dents sur cette enquête. Eddie continue seul. Il a abandonné son boulot, il a pris des cours d'arts martiaux, des cours de tir et il continue à attendre la confrontation. Car il sait inévitablement qu'elle va arriver un jour vu que le tueur lui écrit très souvent !Le récit est construit d'ailleurs sur une alternance entre les actes de Whitt et les lettres de Killjoy. Ces lettres sont souvent un tissu de délires, de théories inventées, issus d'un cerveau psychotique pour finir par deux phrases qui sont le véritable message. Je vais d'ailleurs vous mettre quelques extraits d'une lettre de plusieurs pages parlant d'un certain Bugelfaust : apôtre, évangéliste, martyr, mystique, scientifique, confesseur né en 1332 à Uffizi. [...] Bugelfaust avait fait preuve, pendant ses voyages, d'un grand intérêt pour les phénomènes naturels, notamment l'allaitement au sein et la danse acrobatique, à la suite de quoi il s'empara des travaux scientifiques d'Aristote. Il les contredit à l'occasion, sur la foi de ses propres observations méticuleuses, souvent réalisées aux jumelles en face de chez Mme Leilani, la gérante des Dessous Dansants. On estime que son fétichisme des beignets glacés au sucre et des obèses suantes naquit à cette époque.[][...] ce fut en prison qu'il entreprit la composition de ses poèmes les plus délicats. Ses vers étaient consacrés pour l'essentiel à la réconciliation de l'être humain avec la divinité, par une série d'étapes mystiques, dont la première consistait à s'introduire de l'argenterie dans l'orifice anal.[]et je garde la meilleure pour la fin :))En septembre 1394, après quarante jours de jeûne, Bugelfaust priait sur le mont Alverno, lorsqu'il sentit sa libido le quitter physiquement. La terreur le disputa à la joie, quand les stigmates apparurent brusquement sur son corps. On le ramena à Cologne, où il passa ses dernières années à poursuivre des religieuses autour du mât enrubanné, y compris en novembre (!!!). Attendez, c'est pas fini !!! Il mourut de ses hémorroïdes enclavées pendant l'été 1399. On l'entendit d'ailleurs crier au ciel sur son lit de mort : "Oh solo mio, mia cula aïe aïe", ce qui signifie : "Grand Dieu miséricordieux, je remets mon âme entre Tes mains bienveillantes." :))Trois pages de délires complet, et la lettre finit par : Bordel Whitt, pourquoi as-tu rendu le bébé. Quel genre de père es-tu donc ?Mais ces lettres, si folles soient elles, restent le lien entre Whitt et Killjoy. Donc les flics et/ou le FBI le suivent à la trace, il est l’appât, la chèvre qui va attirer le loup. Faire cavalier seul devient de plus en plus difficile, surtout quand entre en scène unE agent du FBI, forte tête, mais fort jolie... Le côté psychologique de Whitt est très bien exploité, exploré et rend ce personnage plus qu'attachant. Tantôt il a de l'humour, tantôt on se demande s'il ne faut pas l'interner lui aussi. Même si je reste un peu dubitative quant à la révélation de l'identité du tueur, du déclic qui se fait dans la tête de Whitt...mais je ne vous en dirai pas plus.... L'écriture percutante et souvent pleine d'humour de l'auteur fait de ce livre un excellent moment de lecture.Et re, un auteur à suivre.La liste s'allonge dangereusement...
Folio policier416 pages7,30 euros
Résumé:
Depuis que Killjoy a assassiné sa petite fille, la vie d’Eddie Whitt n’est plus qu’un long cauchemar... Il a tout perdu, sa femme a sombré dans la folie, il a quitté son travail et choisi de traquer sans répit celui qu’on surnomme le Tueur à l’oreiller ou le Marchand de sable. Lorsqu’il réapparaît quelques années plus tard, Killjoy a changé. Il ne tue plus. Il enlève des enfants maltraités par leurs parents pour les donner aux familles endeuillées par sa faute. Dans de longues lettres tourmentées, il tente d’expliquer à Eddie ce qu’il fait. Entre le père désespéré et l’assassin en quête de rédemption va se nouer une étrange relation faite de folie et de fascination...
L'avis de Dup :
Le démarrage de ce roman est assez déroutant. Whitt rencontre les gourous d'une secte d'adorateurs du Noeud Cosmique et du Dieu Mucus-au-cerveau-à-l’Épine ( !!! ) chez qui a été enlevé un bébé. Les dialogues avec ces gens complètement chtarbés, à l'ouest quoi, sont déjantés à souhait et apportent bien souvent le sourire aux lèvres. En même temps on se dit, mais qu'est-ce-que je lis là ?!?!Ce roman, catalogué Thriller par l'éditeur, et ça et là je lis Fantastique...ma foi, pour moi c'est un excellent roman noir. Soit il y a eu un tueur en série, un tueur de bébé qui plus est. Mais là où commence l'histoire, c'est 5 ans après ces faits horribles. 22 familles endeuillées tout de même, et tout d'un coup il semble que ce Marchand de sable "définitif" cherche à s'amender : il kidnappe des enfants maltraités, mal aimés et les déposent dans les foyers endeuillés par sa faute.Killjoy, c'est ainsi que l'a surnommé la presse suite à une interview de Eddie Whitt où il a dit que ce monstre a tué sa joie de vivre. Killjoy qui a tué, étouffé dans leur sommeil des bébés ou de très jeunes enfants. Sarah, la fille de Whitt a été la première à être tuée. Et c'est bien sûr à Whitt qu'il va "donner", 5 ans plus tard, le premier enfant kidnappé...