Interrogé sur l’utilité et l’actualité du service public dans le cadre du trentième anniversaire de l'association "Services publics", Jacques Fournier, qui connait bien les rouages du secteur public, a tenté un « décalogue », et je ne résiste pas à vous le partager... Au moment où d’autres annoncent qu’il faut s’attendre à travailler plus pour ne pas gagner moins, ou lorsque d’autres encore se lancent dans une campagne au plus offrant pour séduire les électeurs, il y a pour moi, derrière cette vision du service public, la nostalgie de l’intérêt général dans ce qu’il a de plus dynamique et sacré : un ferment d’unité et de croissance. Souhaitant qu'il ne me tienne pas rigueur de cet emprunt, j'en profite pour le dédier à ceux qui, parmi les agents de l'administration de la Jeunesse et des Sports, se sont toujours engagés d'abord pour le service du public, et que la RGPP condamne aux 4 murs de bureaux inhospitaliers.
« 1 - Le service public n’est pas une charge pour l’économie.C’est une forme de production d’utilité collective.
2 - Le service public n’est pas un simple pansement sur la société capitaliste.C’est le ferment possible d’un mode alternatif de développement.
3 - Le service public n’est pas une fantaisie française.Ses principes se retrouvent au delà de nos frontières etIl peut être l’un des piliers de la construction européenne.
4 - Il ne suffit pas de « défendre » le service public.Il faut prendre l’offensive et chercher à lui donner de nouveaux développementsdans le cadre de l’organisation collective de la satisfaction des besoins.
5 – Il n’y a pas dichotomie mais simple continuum,entre services publics marchands ou non marchands, régaliens, socioculturels ou économiques,qui sont tous soumis, au nom de l’intérêt général, à des principes communs.
6 – Les partisans du service public ne doivent pas abandonner à ses adversairesl’art de la critique non plus que le thème du changement.
7 – Le moment est venu de faire émerger une nouvelle culture du service public,plus conviviale, plus souple plus participative.
8 – les modes d’organisation du service public diffèrent d’une fonction à une autre, des opérateurs privés peuvent y avoir une place, mais le pilotage doit rester du ressort de la décision politique et ne saurait dépendre des cours de bourse.
9 – Service public, gestion publique, fonction publique :ces trois notions sont en étroite corrélation mais ne se recouvrent pas nécessairement à 100%.
10 - Le service public ne peut se désintéresser de l’évaluation de ses résultats. »
Ce texte est paru dans le bulletin n° 55 de l'association "services publics" et il a été reproduit dans le numéro de juin 2011 des Brèves du Ciriec-France. Vous pouvez le consulter sur le blog « action publique » (http://jacquesfournier.blog.lemonde.fr/)