Né en Géorgie, dans la petite ville d’Albany, le 23 septembre 1930, Raymond Charles Robinson n’a pas la chance de grandir dans un milieu favorisé. Bien au contraire, le
racisme quotidien de cette Amérique sudiste l’enfonce dans sa pauvreté et la misère la plus profonde. Né d’une union illégitime, il est élevé par l’épouse de son père présumé. Des conditions
extrêmement difficiles que vient compléter la mort de son petit frère George en 1935, noyé dans une lessiveuse. Quelques mois plus tard, Ray est atteint d’un glaucome qui le plonge définitivement
dans l’obscurité. Il a cinq ans, et la vie charrie son lot de souffrances, comme un vieux blues né dans les plantations de coton. C’est dans la musique que le petit Ray trouve son réconfort. Tout
d’abord en découvrant le piano avec son vieux voisin, qui lui fait pour la première fois caresser le clavier. Puis, entré à l’école pour aveugle de San Augustine à l’âge de sept ans, il y
découvre les plus grands musiciens classiques et modernes, et y développe une oreille musicale parfaite. Pendant des années, il apprend à vivre avec son handicap. Il perd successivement sa mère
et son père, à quelques années d’intervalle. Orphelin, il n’a plus aucune raison de revenir dans sa Georgie natale. Il se plonge avec encore plus de frénésie dans l’apprentissage de la
musique.