Depuis ces semaines profanes de 1999, j’ai revu plusieurs fois La ligne rouge et Les Moissons du ciel, ce dernier notamment lors d’une belle ressortie en copie neuve l’année dernière. Mais je n’avais jamais revu La balade sauvage, le premier long-métrage réalisé par Malick. Un an après Les moissons du ciel, le voici heureusement qui ressort dans les salles françaises en copie neuve lui aussi, s’affichant en grand sur des écrans aussi beaux que ceux du Max Linder Panorama ou de l’Arlequin. Pour changer, c’est ce dernier qui a eu ma préférence, m’étant tenu sans raison particulière à l’écart de sa salle 1 pendant de trop nombreuses années.
En 1973, Malick suivait alors le parcours d’un jeune couple d’américains entre le Dakota du Sud et le Montana dans les années 50. Kit a 25 ans, Holly n’en a que 15. Son père à elle désapprouvait leur relation, Kit l’a abattu sans remord. Commence une fuite sans but, à travers la nature, entre les hommes, contre les obstacles, avec déraison, vers un ailleurs bien flou pour eux. Holly nous raconte son histoire en voix-off, comme la petite sœur dans Les moissons du ciel, comme une vraie narratrice, pour accompagner le récit. La voix off chez Malick n’a pas encore tout à fait pris cette tournure introspective qui se détache d’une forme narrative classique pour devenir les échos des pensées des personnages.
La fin du générique nous révèle qu’à l’époque, Badlands avait été classé PG par la commission de censure américaine, soit un simple avertissement pour les jeunes enfants, malgré un décompte de morts ostensibles. Quand on voit avec quelle facilité cette même commission distribue des PG-13 (moins de 13 ans fortement déconseillés) voire des R (interdits aux moins de 17 ans non accompagnés) alors qu’on ne voit rien de particulier à l’écran, on se dit que l’Amérique est devenue plus prude, du moins ses représentants.