par Émilie Bergeron
Après avoir maintes fois fait ses preuvesaux Francofolies de Montréal, que ce soit l’an passé ou en 2007, avecla formation Chocolat, Jimmy Hunt a réitéré l’expérience sur la scène de l’Astral le 14 juin dernier. Résultat : bien rapidement, dès les premiers riffs de guitare, ça sifflote, ça chantonne jusqu’à ce que toute la salle intime de l’Astral soit bien au chaud. Même les plus sceptiques auront été conquis.
Jimmy Hunt a fait ses débuts en solo dès 2000. Entre-temps, il a œuvré comme chanteur de la formation rock Chocolat et s’estfait remarquer également pour sa collaboration aux côtés de Cœur de Pirate. En 2010, avec la sortie de son premier album, Jimmy Hunt est retourné à ses vieux amours, dans un folk à la Fred Fortin qui a su charmer et élargir son auditoire.
La voix un peu à la jonction entre Pierre Lapointe et Robert Charlebois, quelque part entre le folk et la chanson française, le sympathique gaillard gratte sa guitare et enfile son harmonica. Timide, le regard quelque peu dissimulé derrière sa couette bouclée, il converse peu au public. Toutefois, c’est en chansons qu’il se révèletotalement. Malgré qu’il soit dans sa bulle, emporté dans les métaphores à la fois loufoques et sublimes de Pont de glace (J’ai un cœur d’éléphant et un fusil de chasse) ou encore de Tontons macoutes, il laisse son auditoire plonger dans son imaginaire. Des dessins faits en simultané par l’illustrateur Mathieu Jacques et projetés sur l’arrière-scène aidaient à la cause.
Bien simplement, Jimmy Hunt nous présente tour à tour toutes ces femmes, avec leurs nuances, mais sans les mille détours. Anabelle et ses yeux verts, Mathilde la douce amoureuse, Marianne la méchante ensorceleuse…c’est presque si la Nathalie de Leloup était de la parade. Avec des mots sans prétention, il les contemple, avec des vers aussi simples que «Tes yeux dans mes yeux. Je t’aime pis tu m’aimes», mais qui nous déchirent parfois au passage. Pendant Les moineaux et les loups, le public se lassait littéralement bercer.
Détrompez-vous, chers férus de testostérone, s’il dit«t’es belle» aussi aisément, voire naïvement, c’est avec une pointe de fatalité qu’il déclame «tes petits seins sous la pluie». Au fil des enchaînements etdes morceaux, on réalise que non, Jimmy Hunt n’est pas qu’un vulgaire poète-à-l ’eau-de-rose kitsch. Parce qu’il confronte dans ses chansonsbeauté et fatalité, le chanteur nous parle non seulement de l’amour, mais de ce qui le rend beau dans ses contradictions.