L’âne et l’éléphant, par French Fry
Après un « Mini-super Tuesday » et les résultats tombés depuis, nos deux ânes sont à égalité. Ni l’un ni l’autre n’ont assez de délégués (2025 is a magic number) pour prendre le parti. Mais, depuis 10 jours, un vent se lève, « Oh Yes we can ! » dans le camp O. Barack décroche, dans le camp démocrate, tous les caucus et primaires qui se sont tenus depuis le 5, dont un sur les rives du Potomac. Il compense son retard relatif et dépasse Lady H d’une courte tête (1215 délégués pour lui, 1190 pour elle).
La brise du succès dans les cheveux (euh… vous voyez ce que j’veux dire…), Barack trouve un je-sais-quoi qui prend, qui plait, tandis qu’Hillary vit une succession de « bad hair days ». Après avoir pioché dans ses réserves pour alimenter sa campagne, elle quitte sa dircom après seize années de fidélité : Patti Solis-Doyle est remplacée par Maggie Williams, ex-Directrice de cabinet de madame H à la Maison blanche. Hillary vient aussi d’essuyer sa huitième défaite consécutive depuis le Super Tuesday. Tentant de séduire, elle accorde une interview télévisée exclusive où elle livre les secrets de sa forme : se laver les mains le plus souvent possible ou utiliser des lingettes, boire un maximum d’eau, jamais de café ou de sodas, etc. Elle dit « affectionner tout particulièrement le piment qui lui donne de l’énergie » (sic !). On verra si tout ce Chili lui porte chance. Ses stratèges ont convenu de ne rien espérer du mois de février, et misent gros le 4 mars prochain où le Texas et l’Ohio s’expriment. Dame H fait campagne à grand renfort de pub et sillonne les territoires de ces deux états qui représentent à eux seuls 444 délégués. Au Texas la population Latino ne lui fera sans doute pas défaut et dans l’Ohio, les « cols-bleus » restent fidèles au souvenir de son gros Bill. C’est tout de même un réel pari de faire cette impasse sur février. Que se passerait-t-il si Hillary devait perdre un des deux états le 4 mars ? Elle avait déjà misé sur une victoire par K.O au lendemain du Super Tuesday… Comment va-t-elle endiguer la ferveur, « momentum », que semble provoquer Obama à chaque victoire ? Barack consolide son public jeune, séduit les plus âgés, touche de plus en plus de « blancs » et de « workers » (ouvriers, cadres sups). Même les femmes, tentées par Hillary, commencent à tanguer. Il est désormais le Front runner, le rassembleur, et gagne tous les jours la légitimité qu’Hillary lui moquait. Pour montrer qu’il prend déjà le cap et la stature d’un amiral, il s’attaque au probable capt’ain républicain lors de ses dernières prises de paroles.
Chez les éléphants justement, Old John est aujourd’hui certain de remporter la nomination. Il compte 812 délégués face aux petits 217 de Huck’, qui n’a pas gagné la Virginie (signe que les militaires pèsent plus lourd que les évangélistes ou les Born Again Christians). Les 1192 délégués nécessaires à la désignation officielle semblent proches pour McCain. Sa victoire virginienne prouve sa capacité à rassembler. Cet état conservateur accueille toute une population de militaires (on y trouve le « Saint-Cyr » américain, l’académie de West Point). Le débat se plaçait d’ailleurs au niveau de la ceinture avec des questions existentielles comme « Qui est le vrai conservateur ? ». C’est dire. Dans ses discours, Old John lance ses premières piques à Obama : « Je n’énonce pas de platitude et j’ai l’expérience qu’il faut pour gérer un pays en guerre » (sic !). C’est la vieille stratégie du sage contre le blanc-bec (!). Ce à quoi Barack répond « I May be Skinny but I am Tough ! » (j’suis pt’être maigrichon mais j’suis coriace !). Chacun gonfle ses plumes.
Pour finir, évoquons une bizarrerie du système de choix démocrate : si les deux candidats sont à égalité en nombre de délégués, le choix reviendra aux « super-délégués », décideurs. Il semble que sur ce terrain de la politique de couloir, Dame H possède un bel avantage. Son mari et sa fille sont suspendus au téléphone pour convaincre ce beau monde de voter Clinton. De plus, ces super-délégués ne sont même pas contraints de rendre publics leurs soutiens, ce qui rend les prévisions très incertaines et les négociations fumeuses. Des voix se sont élevées chez les ânes pour dénoncer le caractère anti-démocratique de cette méthode. On peut imaginer la situation suivante : le camp démocrate désigne un candidat avec un écart faible mais le vote des « compte double » en fait passer un autre au nez des électeurs.
On en reparle le 19, jour de primaires démocrates… à Hawaï ! La rédaction d’actu bien pris tes comprimés, dans sa quête d’info brûlantes et de véritables vérités vérifiables, a gentiment accepté de m’envoyer sur la plage pour un reportage en direct !
Alloha ! See ya !