Ce lundi, Nicolas Sarkozy a programmé une conférence de presse, comme par hasard, pour parler des investissements d'avenir.
La mesquinerie du Monarque est admirable. Il déteste les conférences de presse, au point d'en avoir accepté que trois jusqu'à présent - alors qu'il en promettait de fréquentes quand il était
candidat. Mais ce lundi, il veut occuper le terrain. Il s'attend à
l'annonce de la candidature de Martine Aubry, aux primaires socialistes, mardi 28 juin. Ce scrutin interne l'agace. Il a demandé à Jean-François Copé d'attaquer la démarche, ce que le zélé
député-maire et secrétaire désigné du parti présidentiel s'est empressé de faire depuis 10 jours.
Mardi dernier, au Bourget, il avait joué la carte
de la fausse neutralité, à propos du Grand Emprunt, qui n'a d'importance qu'électorale : « J'aimerais que la France fasse le choix de se hausser au-dessus de ses querelles partisanes pour
considérer que ce qui se joue avec cet argent c'est la situation de notre économie, de nos emplois et de notre société dans les 20 ans qui viennent. » Sarkozy aimerait que l'on oublie qu'il
est Président des Riches.
La semaine dernière Xavier Bertrand, ministre de la Santé et du travail, pouvait se féliciter de ses propositions de réforme du médicament. Le consensus était quasi-général, quand il proposait d'interdire les visites
médicales individuelles au sein des hôpitaux ou la création d'un portail public du médicament. Le Dr Hélène Frachon, qui a mis à jour l’affaire Mediator, était toute retournée : Quand
j’écoute l’énoncé de ces réformes, il me semble que ce que j’ai vécu dans mon enquête sur le Médiator, ne pourrait plus se dérouler de cette façon-là. »
Cette réforme est un peu l'arbre qui cache la forêt. Il a fallu quelques milliers de morts pour que la Sarkofrance accouche
d'une micro-révolution. D'autres n'ont pas eu la « chance » de mourir, mais seulement de souffrir, dans l'indifférence politique quasi-générale.
1. C'est peut-être un détail pour vous, comme disait la chanson, mais il veut dire beaucoup. A Paris, notre confrère
Menilmuche révèle que les femmes ne seront plus admises au Samu social
de Paris. En cause, la suppression des aides publiques de l'Etat (qui finance à 92%).
2. Le 22
juin dernier, une trentaine de migrants tunisiens étaient expulsés de leur campement de fortune dans le parc des Buttes-Chaumont, dans le 19ème arrondissement de Paris, et arrêtés. Cela fait
des mois que Claude Guéant, le ministre de l'intérieur ET de l'immigration leur promet l'expulsion rapide. Six jours auparavant, environ 70 Tunisiens avaient déjà été virés de leur squat au
36, rue Botzaris, qu'ils occupaient depuis le 31 mai dernier. Cette fois-ci-, 4 cars de police
(et 3 voiture) étaient là au petit matin pour emmener les récalcitrants. Guy Birenbaum en parlé sur Europe1. Rue Botzaris, le bâtiment occupé est propriété de l'Etat tunisien. Des archives du
RCD, le parti du Ben Ali, seraient encore stockées sur place. Depuis l'évacuation, le bâtiment est sous contrôle d'agents de surveillance privés.
3. Cette année, le gouvernement a encore décidé de supprimer des postes d'Aides à la Vie Scolaire, ces
soutiens pour les élèves souffrant de handicap. Le décompte est imparfait, car, évidemment, le ministre Chatel n'a publié aucun communiqué. En avril dernier, en Haute-Garonne, 139 élèves handicapés avaient perdu leurs AVS dont les contrats n'avaient pas été renouvelés. Début juin,
l'inspection académique a confirmé la suppression de 174 AVS
dans l’Aude. Près du Mans, à
Coulaines, des parents d'élèves s'inquiètent de la disparition, en septembre, d'une classe d'intégration scolaire.
4. La semaine dernière, la Capeb, qui
représente les artisans du bâtiment, a signé une convention avec l'Agence nationale de l'habitat (Anah), pour rénover les systèmes de chauffage et d'isolation des propriétaires modestes. Benoist
Apparu, le trop jeune secrétaire d'Etat en charge du logement, était là pour l'occasion, ce mercredi. Il venait de caser sa directrice de cabinet à la Cour des Comptes. Apparu est, entre autres, responsable de
satisfaire l'une des promesses de Nicolas Sarkozy, celle qu'il n'y ait plus de décès de SDF dans la rue avant ... 2008. Pour l'heure, on ne parlait que d'isolation : 300.000 logements privés
doivent être réhabilités d'ici 2017, grâce à un financement de 500 millions d'euros. Cet accord est symbolique et sans grande portée : l'INSEE évaluait, il y a peu, à 3,8 millions le nombre de foyers en situation de précarité
énergétique...
5. Il y a une dizaine de jours, les 800.000 précaires de la fonction publique ont compris que le
gouvernement n'avait finalement pas grand chose à leur proposer. Quand il passe à la télévision, comme en janvier dernier, Nicolas Sarkozy leur promet toujours qu'il va s'occuper de leur cas.
L'avant-projet de loi du gouvernement en la matière, révélé par le site Acteurs Publics montre qu'il n'en est rien. Les conditions de titularisation des agents en CDD
recrutés sur des besoins « abusivement qualifiés de temporaires, occasionnels ou saisonniers », commente le site, seront drastiques. « Nous sommes floués par le gouvernement,
s’emporte Patrick Hallinger, secrétaire national de la CGT-UGFF. La plupart des agents en CDD occupant des emplois permanents ne pourront pas bénéficier du dispositif parce qu’ils sont
injustement répertoriés par l’administration en emplois temporaires.»
6. Claude Guéant a réduit, pour les Tunisiens, l'aide au retour. De 2.000 euros, le ministre l'a réduite à 300
euros. Voici le soutien à la jeune Tunisie qui, elle, accueille quelques 300.000 Libyens ...
7. Le ministre de l'immigration expliquait ces dernières semaines combien les enfants d'immigrés sont davantage en
difficulté scolaire que les autres. Le pauvre Guéant s'est bien planté. Il a « mis le
feu » à l'INSEE, organisme public dont les enquêtes et mesures contredisent les déclarations du ministre. Le résultat est inverse, comme l'expliquait ce weekend l'Observatoire des Inégalités. Officiellement, « entre 50 et 55 %
des enfants dont la famille est originaire du Maghreb, d’Afrique sub-saharienne ou du Portugal obtiennent le bac, contre 64,2 % pour les enfants de famille non-immigrée, selon les données du
ministère de l’éducation.» Mais comme ces enfants d'immigrés sont issus, largement majoritairement, de milieu défavorisé, ce « résultat » est quasiment inespéré. Et l'observatoire
précise ses conclusions : « Si on ne considère que les enfants dont aucun des parents n’a le bac, les écarts sont quasiment nuls entre immigrés et
non-immigrés pour l’obtention du bac général ou technologique. »