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Sarkozy tente de conserver sa droite

Publié le 27 juin 2011 par Alex75

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Christine Boutin a annoncé, hier, en Seine-Saint-Denis, à Montfermeil, la candidature de son parti aux présidentielles de 2012. La présidente du PCD n'a donc pas tenu compte, de l'appel à la retenue de l'UMP, au rassemblement de la droite et du centre, autour de la probable candidature de Nicolas Sarkozy. Mais elle ne sera pas la seule. La gauche n'est plus la seule à se diviser, c'est aussi le temps de la droite plurielle…

On en sentait les prémices depuis plusieurs mois. Le pas a été franchi. Christine Boutin se lance, Borloo se prépare, et Bayrou n'a jamais renoncé. Sans oublier Villepin, le poète échevelé, dont la rancoeur est le principal moteur, bien décidé à mettre des batons dans les roues, à l'ancien locataire de la place Bauveau. L'UMP avait été fondé, en 2002, pour éviter la disperson à la présidentielle, qui avait favorisé l'arrivée de Jean-Marie Le Pen au second tour. Mais l'UMP a échoué. Car non seulement, elle n'aura pas le monopole de candidature à droite, mais en son sein, les sujets de discorde se multiplient, à l'image de la fronde des députés UMP, ces derniers mois (révolte anti-radars, bouclier fiscal, impôt sur les revenus), les clivages s'aiguisant entre la droite populaire et les centristes.

Il est vrai, que l'on se croirait revenu au bon vieux temps du RPR et de l'UDF. Nicolas Sarkozy sait qu'en 2007, il avait gagné la présidentielle, dès le soir du 1er tour, sur son score dépassant les 30 %. Il fait tout pour les arrêter. Pour l'instant, en vain. Mais il ne faut pas oublier, que les droites françaises ont une longue tradition de division. Sans remonter aux monarchistes, pris entre légimistes et orléanistes, il suffit de se rappeler les disputes homériques entre Chirac et Giscard, puis entre Chirac et Barre, et enfin Chirac et Balladur. Ces temps héroïques pourraient revenir, mais pas seulement à cause des ambitions personnelles. Car le compromis idéologique ayant fondé l'UMP, est en train d'exploser ou semble avoir fait son temps. Le ralliement du RPR aux thèses de l'UDF, libérales en économie, mais aussi sur le plan des moeurs, européistes, décentralisatrices, avaient permis la progressive fusion des deux anciens ennemis, qu'étaient le courant centriste de Giscard et le parti néo-gaulliste de son ex-premier ministre, Chirac.

Les héritiers du gaullisme - réels ou supposés -, gardaient les places, mais pour conserver une politique, que les ennemis du général et les centristes avaient combattu. La droite est parvenue à garder son unité, du moins formellement, jusqu'à aujourd'hui. Mais désormais, chacun reprend son baton de pélerin, repartant “avec un morceau de la vraie croix” selon la formule zemmourienne. Christine Boutin défend la famille traditionnelle, Villepin, l'indépendance nationale, et Dupont-Aignan, le refus de la soumission de Bruxelles. Au sein de l'UMP, il est vrai que les centristes, arc-boutés sur leurs valeurs républicaines, parlent de droitisation. Ils sont le sentiment d'être “trahis”, du moins électoralement. Ils sont furieux et ils croient en leurs chances, Borloo et Morin en tête, depuis le rabattage des cartes au PS, leur ouvrant un espace supposé au centre. Une alliance avec François Bayrou est aussi envisageable. Mais cela dit en passant, concernant la droitisation, il suffit de lire le programme du RPR de 1980 à 1990, pour s'apercevoir que Chirac versait déjà dans le populisme, sur de nombreux sujets à l'époque.

Deux hypothèses se présentent, selon le candidat de la majorité sortant, au soir du premier tour. Si le président sortant le soir du 21 avril 2012, parvient à s'extirper de ce panier de crabes, ces rivaux de droite rallieront presque tous le candidat vainqueur, au second tour. Mais si Sarkozy renouait avec les scores médiocres de Chirac, en 2002, si le scénario du 21 avril se répétait (avec Marine Le Pen faisant autour de 20 %), ou dans l'éventualité où la gauche l'emporterait, alors l'UMP imploserait sous les poids des contradictions et des rancoeurs accumulées, durant ces dix années de cohabitation forcée. Mais dans les deux hypothèses, cela signifierait la recomposition de la gauche, ou de la droite, voire des deux…

   J. D.


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