Peter Falk vient de nous quitter ! L’inspecteur Columbo a tiré sa révérence après un long combat contre Alzheimer. Beaucoup d’hommages ont été tissés sur la toile pour honorer le souvenir que laissera ce grand acteur. Je ne reviendrai pas sur les épisodes de sa vie. D’autres le font mieux que moi. Je ne retiendrai de Peter Folk (oui comme la musique !) qu’il était un très grand acteur ! Et que le septième art ne s’est pas suffisamment penché sur toute la gamme chromatique de ses talents.
Je suis un fan de Columbo, comme beaucoup ! Mais il faut avouer que l’inspecteur à l’imperméable gris a grignoté l’acteur. Heureusement certains metteurs en scène l’auront repéré : Cassavetes, Capra et puis Wenders. Dans « les ailes du désir », de Wenders, on trouve un Peter Falk émouvant, attachant, loin de ses oripeaux de lieutenant de police. Un ange devenu humain qui joue la mélodie du bonheur à un ange amoureux d’une jolie trapéziste. Un poète, à sa façon, qui loue l’humanité mortelle car elle est digne d’être vécue ne serait-ce que pour ses instants d’amour…
Un superbe rôle ! Que n’a t-on pas proposé à Peter d’autres rôles aussi magnifiques ?
Il les aurait largement mérités !!
Bien plus que Columbo dans son imperméable
Sortant l’air impavide d’une vieille Peugeot
Bien plus que le sergent, fin limier, redoutable
Je retiens de Peter d’indicibles sanglots…
Un Berlin noir et blanc d’avant la fin du mur
Un décor de Wenders où Peter joue l’humain
Ange blanc repenti et qui dans un murmure
Vante à l’ange Damiel le bonheur des Terriens.
Pour l’amour de Marion, trapéziste douée
Aux longs cheveux de blé emmêlés de mystère
Damiel renoncera à l’immortalité
Poussé par mille mots de Peter, le repère…
Qu’il est grand ce seigneur que les zèles délestent
Des gravités mystiques d’un Paradis pesant
Peter joue le gourou aux messages troublants
Pour son alter ego échappé du céleste.
Instants de poésie, suspension du sublime
Dans ce Berlin sépia que des couleurs trahissent
Quand Damiel éperdu fond dans le précipice
De l’amour défendu, au plus fort de l’intime.
Magie du cinéma dont se griment les gestes
De Peter l’insoumis au talent gaspillé
Dans le grand tourbillon des plats télévisés
Flots de fruits policiers au prosaïque zeste.
Car le borgne attachant dans son gris délavé
Rêvait dans le secret à des combats scéniques
A des scènes d’amour, des feux anthologiques
Mais que le septième art lui aura déniés.
Comme un folkeux déçu signe sur la guitare
Les accords élégiaques de son âme meurtri
L’angelot fait humain et jusqu’à l’amnésie
Finira son chemin dans les ombres d’Icare.
Nul ne m’empêchera d’imaginer les ailes
Repousser sur le dos du génial incompris
Elles le portent déjà vers le ciel infini
Où tant d’étoiles rient de nos feux infidèles !!