Il y a 20 ans, c’était le 20 juillet 1991, nous nous promenions avec Barney Wilen un lendemain de concert à Souillac avec Jimmy Gourley. Nous étions passés devant La Poste, il m’avait adressé un « Courrier recommandé avec accusé de réception pour Robert Peyrillou de la part du facteur Barney » et terminait sa dédicace par « Que bella giornata ! Yo ! »
Barney, c’était toujours de belles journées, été comme hiver, comme le 19 février 1989 où nous dégustions en terrasse, face à la Cathédrale d’Albi, il y avait Marie avec lui, la veille, c’était Alain Jean-Marie, Riccardo Del Fra, Sangoma Everett, avec eux-aussi, c’est la belle journée assurée ! J’avais fait 200 kms pour venir le voir, tout ce qu’il a su me dire « C’est de la folie douce, vivent les fous du jazz ! »
Barney, aristocrate du jazz, c’était plus que la musique, c’était « Ascenseur pour l’échafaud », c’était « Barney et la note bleue », c’était « Le grand cirque », c’était aussi les standards du patrimoine français. Standard, il trouvait ce mot péjoratif « mot du commerce, galvaudé par les marchands de soupe ». Néanmoins, quelles belles notes bleues, quali belle note blu, « Sous le ciel de Paris », « Les feuilles mortes », « J’ai le cafard », « L’âme des poètes ».
Poète, il l’était et Yves Buin dans « Barney Wilen, Blue Melody » qui vient de paraître chez Castor music, nous amène dans l’imaginaire de saxophoniste. Au travers de ses enregistrements, l’auteur trace un portrait que seuls Loustal et Paringaux en 1987 avaient su le faire en BD. Buin rappelle un entretien avec Philippe Carles en 72 où Barney parlait de l’utilisation de bandes magnétiques mêlées à sa musique … mais il rappelait aussi qu’en Afrique, « les instruments dans lesquels on souffle sont la voix de Dieu ».
Comme tu as gentiment dit « Besame Mucho », je t’embrasse beaucoup.
Robert Peyrillou