Egalité hommes-femmes : Le Medef et l'UMP se moquent-ils des femmes ?

Publié le 27 juin 2011 par Slovar
A quelques mois de la présidentielle, le Medef et l'UMP lancent un vibrant plaidoyer pour l'égalité hommes-femmes. Question : Pourquoi ont-ils attendu si longtemps et quelles sont leurs propositions ?
De qui ce constat pessimiste et alarmant ?
« (...) d’après le rapport du Forum économique mondial de Davos de 2010, la France est classée au 127ème rang sur 134 pays en matière d’égalité salariale entre les hommes et les femmes, derrière le Kenya ou le Kazakhstan ! Malgré la volonté du législateur, l’égalité professionnelle est rarement une orientation stratégique au sein de l’entreprise. On constate même aujourd’hui des signes de régression (...) Le constat actuel est implacable : les femmes représentent 51% de la population française, 47% de la population active mais 82,2% des travailleurs à temps partiel et les écarts de salaires entre les hommes et les femmes sont encore de 19% (...) » Ne cherchez pas, il est disponible sur le site Web Projet UMP 2012 !
Si le sujet de l'égalité hommes-femmes n'était pas si important, on pourrait, avec humour, déplorer, que la droite parlementaire et le Medef, ne soient pas aux commandes ... de la société française et de ses entreprises.
Du côté du Medef, on a pourtant connu Laurence Parisot plus déterminée, en ce qui concerne les femmes. Notamment, lors de la réforme des retraites, ou elle déclarait : « (...) Baisser l’âge légal de départ à la retraite des femmes par rapport aux hommes, cela équivaut à entériner cette inégalité de fait (...) Puisque les femmes vont travailler moins longtemps, celà veut dire moins de belles carrières que les hommes (...) il n’est pas question non plus que les entreprises soient les seules responsables de cette situation scandaleuse alors que bien souvent cela commence ailleurs dès l’école ou dans le foyer (...) »

Et indiquait : S'opposer à toute modification du projet de loi sur les retraites qui permettrait aux femmes ayant élevé trois enfants de ne pas attendre d'avoir 65 et 67 ans pour percevoir leur pension à taux plein - N'hésitant pas à déclarer : « Les entreprises ne sont pas seules responsables des inégalité de carrières hommes/femmes »
Néanmoins, on pourra s'étonner, en examinant les derniers textes de l'UMP et les dernières déclarations de Laurence Parisot que : la véritable égalité salariale est curieusement absente de leurs propositions !
Si du côté de l'UMP, on écrit : « (...) Les entreprises de plus 50 salariés non couvertes par un accord, ou à défaut, par un plan relatif à l’égalité professionnelle, risquent désormais une pénalité financière pouvant aller jusqu’à 1% de la masse salariale. Votée dans la loi de réforme des retraites, cette disposition était plus qu’urgente, quand on sait qu’en 2008, seulement 7,5% des entreprises avaient signé un accord sur l’égalité… Le décret d’application de cette disposition est actuellement examiné au Conseil d’Etat (...) »
Cela signifie, que le texte n'est toujours pas applicable, et que quoi qu'il arrive, les femmes travaillant dans des entreprises de moins de 50 personnes, qui représentent plus de 97% du parc français, ne seront absolument pas concernées par les pénalités et continueront à subir, légalement, une discrimination salariale !
Du côté du Medef, on préfère évoquer : « Un code de bonne conduite dans les entreprises (...) les choses avancent, notamment dans les grandes entreprises, où nous avons fixé un quota de femmes de 40% dans les conseils d’administration. Je revendique d’ailleurs, pour une large part, la maternité de cette mesure. Les entreprises sont aussi en train de multiplier les accords internes d’égalité salariale et de bonne gestion des carrières (...) »
Multiplier les accords ?
Comme l'indiquait le site Question(s) sociale(s) : En ce qui concerne les accords sur l'égalité salariale, Laurence Parisot reconnaît que : « (...) il n'y a aujourd'hui que 82 accords sur l'égalité salariale entre hommes et femmes pour plus de 200 branches professionnelles. « Je souhaite que toutes celles qui n'ont pas encore signé un accord se dépêchent de le faire, ajoute-t-elle (...) » et de préciser : « Pour réaliser cela à l’avantage de toutes les parties, il faut un consensus réel »
Par contre, en ce qui concerne : le sexisme, le machisme et la misogynie, Laurence Parisot n'a pas assez de mots pour condamner la « DSK attitude » (épargnant au passage le réflexologue Georges Tron) et fustige dans Le Parisien : « (...) les pubs sexistes (...) » produites par les agences de publicités, dont un grand nombre sont ... adhérentes au Medef et : « (...) dénonce le silence des intellectuels (...) » Sans oublier de lancer : « (...) un appel aux candidats à l’élection présidentielle pour faire enfin de l’égalité homme-femme LE thème majeur de 2012 (...) »
Bon : « tout cela est bel et beau », comme dirait un de mes amis, mais, se résume à « faire du bruit avec la bouche » !
En effet, qu'est ce qui a empêché Laurence Parisot, Présidente du Medef depuis 2005, d'imposer aux entreprises adhérentes au Medef, l'obligation d'une véritable égalité hommes-femmes ?
Car en ce qui concerne : le refus des augmentations de salaires, du partage de la valeur ajouté, du refus de quotas d'apprentis, ou de l'assouplissement des licenciements, elle a montré qu'elle savait traiter les salariés hommes et femmes de la même façon !
Que n'a t-elle mobilisé son mouvement contre la situation décrite par l'UMP : « (...) les femmes connaissent un risque accru d’être des « outsiders » sur le marché de l’emploi (...) Elles passent de plus ou moins longues périodes sur le versant « précaire » du marché de l’emploi et représentent 82,2 % des travailleurs à temps partiel (...) »
Au lieu de cela, Laurence Parisot préfère se focaliser sur : l'allongement du congé paternité, dont elle propose, que le financement ... ne soit pas assuré par les entreprises ! : « (...) Je vais écrire en juillet à tous les syndicats pour leur proposer d’ouvrir les discussions dès septembre. Il faudra bien sûr réfléchir au financement de cette mesure qui coûte cher. Il serait souhaitable que certains dispositifs actuels de soutien à la famille soient supprimés et redéployés vers l’allongement du congé paternité (...) »
Et lorsqu'on lui demande s'il faut : En passer par une loi pour codifier les rapports hommes-femmes dans l’entreprise, pour mettre fin aux comportements anormaux et aux injustices flagrantes, elle n'hésite pas un instant : « (...) Les lois existent déjà. Sans une prise de conscience et une adhésion générale, elles ne seront pas appliquées. Oui, il faut normaliser mais plutôt par des codes, des principes, des chartes de bonne conduite dans les entreprises, petites et grandes, ou grâce à des formations qui expliquent ce qu’il convient de faire et d’éviter, y compris dans les administrations (...) »
Et oui, avec le Medef, c'est une habitude : Tout commence par un débat pour finir par ... un code de bonne conduite. Evitant, de fait, l'intervention des élus de la nation et leurs éventuelles sanctions ou pénalités !
En attendant, les salariées n'apprendront rien sur la détermination du Medef ou de l'UMP sur la stricte application de l'égalité salariale. Mais seront certainement ravies d'apprendre que : « (...) Roselyne Bachelot, ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale , fait sienne les propositions de l’UMP. C'est à dire : étendre la parité aux organisations syndicales, aux Conseils de prud’hommes, Chambres de commerce et d’industrie, Chambres de métiers (...) »
Sans commentaire ...
Crédit et copyright photo
France24