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Campagne referendaire : entre le buzz et le rouleau compresseur!

Par Citoyenhmida

En feuilletant le n° 47 de la revue « PHILOSOPHIE Magazine », daté de mars 2011, j’ai découvert un petit article intitulé « BUZZ, beaucoup de bruit pour rien ».

L’auteur, Raphaël ENTHOVEN, philosophe, écrivain, producteur de radio sur France Culture et animateur d’émissions culturelles  sur ARTE, essaie d’analyser  le phénomène du « buzz ».

Pour lui, le buzz n’est que « la métamorphose de la rumeur à l’âge d’internet ».

Les internautes sont attirés la rumeur et le gout de l’insolite ; ils  finissent par négliger l’essentiel  au profit du jetable, donc du consommable, de l’éphémère !

Ainsi, l’auteur cite le cas des lapsus et des gestes anodins des hommes et femmes poltiques qui survivent à leurs  déclarations de fond autrement plus importantes.

Le « buzz » comme le dit si bien Raphaël ENTHOVEN est le « fils du zap », en ce sens qu’il s’alimente par le perpétuel changement des centres d’intérêts : un buz en chasse l’autre.

Cet article m’a interpelé d’autant qu’actuellement sur le net et dans certains médias, nous assistons à une forme de « buzz » autour des positions du Mouvement du 20 Février à propos de la constitution soumise au référundum populaire le 1er juillet prochain.

On remarque ainsi que les déclarations d’une poignée de militants de ce mouvement, dont je ne remets en cause ni la respectabilité ni l’honnêteté intellectuelle et morale mais qui pose un problème certain au niveau de la représentativité nationale, sont reprises avec une force et une insistance assez impressionnant sur le net (blogs, twitt, facebook, sites d’information) et par certains médias (notamment France 24 et quelques chaines sattélitaires d’information).

Autre manière d’entrenir ce buzz, perpétuel et passager à la fois, vantant l’importance supposée de ce mouvement, c’est cette technique d’agit-pro aguerri qui consiste à faire investir une salle meeting par un petit groupe en vue de perturber la réunion : on filme alors la perturbation et on néglige le meeting !

A la longue, le message de ce mouvement, somme toute minoritaire au sein de la société marocaine, finit  par créer un véritable « bourdonnement d’abeilles, un vacarme qui empêche d’entendre », en fait un buzz qui occulte la réalité de la situation politique du Maroc !

Mais en face, que nous offre-t-on ? Comment nous informe-t-on ?

Il faut bien reconnaitre que la lourdeur de la machine médiatique officielle et même partisane contribue à donner une impression de rouleau compresseur qui écraserait tout sous le poids d’un « OUI » massif !

Ce rouleau compresseur finit par être totalement inaudible et surtout dénué de toute crédibilité, tant la redondance de ses propos est surfaite et la spontanéité de ses intervenants est sujette à caution.

Quelle oreille serait prête à écouter quelqu’un qui annonce de façon péremptoire que « la nouvelle constitution va assurer la prospérité du pays et son développement économique » ! Comme dirait bien trivialement le gardien de voiture de mon quartier : « Ach jab toz n’lhamdou liliallh » !

Les petits bourdonnements du « buzz » semblent alors bien sympathiques face à l’ogre médiatique officiel.

La leçon à retenir de cette situation paradoxale est que la communication politique a changé de méthode, de moyens et de cibles : il est temps que les « institutionnels » de la politique dans notre pays s’en rendent compte avant qu’ils ne soient complètement débordés !

Le buzz n’est que du bourdonnement, mais dans la société du jetable et de l’éphémère que nous connaissons actuellement, comme le note l’auteur de l’article qui m’a servi de point de départ pour ce billet, « le nombre de clics est une valeur en soi ; qu’en parle en bien, qu’on parle en mal, l’important c’est qu’on en parle ».

Mais, l’inverse est aussi vrai : l’excessif est souvent insignifiant, dans le sens  où il ne signifie rien!


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