Le Festival des musiques urbaines d'Anoumabo se déroule du 23 au 26 juin avec des nombreuses stars de la musique africaine comme Patience Dabany, Omar Pene ou Kojo Antwi. L'occasion d'oeuvrer pour la réconcilitation de la Côte d'Ivoire.
« Il y une chose que vous n’enlèverez jamais à un ivoirien, c’est sa joie de vivre », glisse un Abidjanais. La Côte d’Ivoire commence à panser ses plaies. Le 24 juin, ils étaient des milliers, en liesse, à s’être rassemblés à Anoumabo derrière de grandes barrières, mais aussi sur les balcons d’immeubles noircis.
Ce quartier populaire de la capitale économique ivoirienne accueillait du 23 au 26 juin des milliers de visiteurs pour la quatrième édition du Femua (Festival des musiques urbaines d’Anoumabo), initié par le groupe ivoirien Magic System.
Dizaines de stars
Le Burkina Faso, le Ghana, le Sénégal, le Gabon et bien sûr la Côte d’Ivoire étaient représentés pendant le festival, où des dizaines de stars africaines et internationales (Patience Dabany, Omar Pene, Kojo Antwi, Soprano, Floby, DJ Arafat, Meiway…) étaient invités. Initialement prévu à Pâques, il a été reporté en raison de la crise postélectorale qui a meurtri le pays. « Le Femua… malgré tout », s’est alors dit Salif Traoré, « A’Salfo », leader du groupe Magic System et commissaire du Femua.
Malgré tout, donc, et sous la pluie, deux grandes scènes ont été dressées sur le sol sableux d’Anoumabo et des écrans géants, installés sur plus de deux kilomètres. « La joie et la fierté animent les habitants de ce modeste village devenu planétaire grâce à nos enfants de Magic System », a déclaré le chef traditionnel d’Anoumabo devant les ministres de la Culture et de l’Éducation. En élégant costume noir et chemise bleue, A’Salfo a alors rejoint l’estrade afin de remercier la Première dame Dominique Ouattara – assise au premier rang dans un boubou étoilé - d’avoir accepté « immédiatement » d’être la marraine d'une nouvelle école primaire. Car le Femua a aussi un volet social.
Cette année, le groupe d’A’Salfo a financé à 80% - les partenaires ont versé le reste, soit 30 000 euros -, « EPP Magic System », une grande bâtisse blanche flambant neuve, qui ouvrira ses portes aux élèves du village à la rentrée. « Nous devons mener haut et loin le drapeau de la Côte d’Ivoire réunifiée, a déclaré Dominique Ouattara sous une fine pluie. Le Femua est un signal fort du retour de notre pays sur la scène culturelle. »
Patience Dabany et Dominique Ouattara sur scène
La Première dame en a profité pour réaffirmer son engagement sur le plan humanitaire, en offrant grâce à sa fondation « Children of Africa » du matériel médical à l’hôpital d’Anoumabo. Parmi les surprises de l'après-midi : la « Mama » gabonaise Patience Dabany a fait danser la Première dame sur son tube « L’amour d’une mère ne s’éteint jamais. » Et, tout aussi improvisé, Magic System et Soprano sont montés sur scène pour chanter leur « Chérie coco. »
En fin de journée de vendredi, les artistes ont été accueillis par le chef de l’État Alassane Ouattara dans un salon feutré de la présidence. Il leur a confié une mission : faire passer le message d’une Côte d’Ivoire réconciliée. « C’est une preuve d’affection et d’amitié que de venir nous encourager », a-t-il glissé à Patience Dabany, qui a offert 20 millions de francs CFA pour le développement d’Anoumabo. Mais, vous nous avez amené la pluie ! » a-t-il plaisanté. Ce à quoi elle a répondu, en riant : « Je ne le pense pas car chez nous, nous sommes en saison sèche ! »
Le soir, Patience Dabany s’est produite devant des milliers d’ivoiriens, qui se tenaient la main en signe de paix. « Un nuage noir est passé, maintenant le soleil brille » a-t-elle conclu sur scène.