L’histoire de la création humaine abonde dans le cas d’artistes qui après avoir profité de l’approbation de la critique et/ou du publique, à ce moment ils disparaissent fugacement sans laisser de trace, restant tout au plus avec la chance comme notes marginales dans le texte de leur art, objet uniquement de l’obsession capricieuse de certain spécialiste. Les chefs d’œuvres de la littérature, di théâtre, de la musique, de l’art etc ne sont pas immutables et monolithiques comme souvent on pourrait le penser, mais elles sont sujet comme tout au flux changeant des temps et aux sensibilités qui les accompagnent. Loin d’exister une histoire linéaire et progressive du goût, on peut dire qu’il y a des époques qui pour certaines raisons résonnent avec d’autres très lointaines et qui toutefois ont très peu de points communs avec d’autres époques plus proches chronologiquement. Comme a si bien dit Morelli, cela ne parait pas avoir de sens de réclamer un temps historique absolu. Il existe plutôt des temps historiques différents mais parallèles qui coïncident dans les préoccupations et les sensibilités esthétiques et même pas entièrement, sinon, comme c’est le cas de tout dans la vie, de façon fragmentaire.
L’Odyssée, pour donner un exemple, n’a pas obtenu son statut actuel jusqu’au 18ème siècle et il fallu pour cela qu’une série de circonstances soient réunis. De la même façon il suffit de réviser les sources historiques pour constater le nombre considérable d’artistes considérés comme indispensable à leur époque et qui se sont perdus, comme ce sera le cas de tous, dans le néant. Donc, grâce aux résonances entre époques, certains créateurs sont de temps en temps récupérés.
Au début du vingtième siècle, le peintre hollandais Kees Van Dongen (1877-1968) partageait le légendaire Bateau Lavoir du quartier bohème de Montmartre avec Pablo Picasso (et même avec des modèles, comme Fernande Olivier, partenaire sentimentale du peintre espagnol qu’il peigna dans des tableaux décisifs comme Les demoiselles d’Avignon). Et avec lui sont œuvre c’est infiltrée peu à peu dans les salons bourgeois jusqu’à le convertir en un des plus grands champions et exposants de l’art moderne de son époque. A tel point que dans les années vingt il avait déménagé à Montparnasse et était devenu le portraitiste par excellence du monde artistique et aristocratique de la période d’entre guerres, ce qui uni à sa condition de grande figure mondaine et d’hôte incomparable des plus fabuleuses fêtes, invite à une certaine comparaison avec la figure d’Andy Warhol.
Sa libre, impactant et inclassable œuvre artistique de tendance fauviste (ce fut un des plus grands représentants de ce mouvement) est seulement un des aspects de son incroyable personnalité qui est traité dans l’exposition que le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris lui dédie jusqu’au 17 juillet prochain, dans le but de revendiquer son nom et de nous persuader que sont œuvre fait partie de celle des grands artistes du vingtième siècle. (http://www.mam.paris.fr/en/expositions/van-dongen)
Paul Oilzum