Dès janvier prochain, la nouvelle réglementation de l’Union Européenne (UE) va imposer l’achat de « permis de polluer » pour avoir l’autorisation de voler dans l’espace continental. Face à cette contrainte, Air France KLM s’avère force de proposition et annonce miser sur les biocarburants.
- Un contexte qui « pousse » l’innovation
C’est tout d’abord la législation qui incite les compagnies aériennes à innover. En effet, le secteur aérien a jusqu’ici été exonéré du principe de « pollueur payeur » malgré l’importance de ses émissions de gaz à effet de serre. Dés janvier, la donne sera différente avec l’octroi de deux cent-treize millions d’euros de permis de polluer.
Ce projet ne fait pourtant pas l’unanimité. L’association Internationale du Transport Aérien (IATA) s’est réunie à Singapour où elle a affirmé son opposition au projet de l’UE sur son programme d’émission CO2. La Chine, quant à elle, a évoqué des représailles contre les compagnies européennes et contre Airbus si le projet s’avérait maintenu.
Pour pallier à la pollution qu’il génère, le groupe Air France KLM s’est fixé comme objectif une croissance neutre en carbone dés 2010 ainsi qu’une réduction de 50% des émissions en CO2 en 2050 en comparaison avec le niveau de 2005. Il a donc fallu trouver des solutions innovantes pour réduire ces émissions.
- L’huile alimentaire pour les vols Paris-Amsterdam
C’est dans ce contexte qu’Air France KLM a fait une annonce plutôt surprenante puisque les 200 vols hebdomadaires entre les deux capitales embarqueront désormais dans leurs réservoirs un mélange entre 50% de kérozène et 50% d’huile alimentaire usagée.
Camiel Eurlings, directeur général de KLM déclarait ainsi : « Après avoir démontré, il y a deux ans, qu’il était techniquement possible de voler grâce à du biokérosène, nous entrons aujourd’hui dans une nouvelle phase, celle de certification ».
Cette huile usagée provient principalement de la collecte effectuée dans la restauration. Même si celle-ci n’était recyclée qu’à 20% en 2005, on imagine les ressources potentielles pour les années à venir. Nous pouvons également noter que de plus en plus de restaurateurs pratiquent désormais ce recyclage. Pour servir de carburant, l’huile alimentaire doit être décantée et filtrée afin d’être utilisée.
- D’autres innovations en développement
Parmi les initiatives des concurrents, on peut déjà donner le cas de la Lufthansa, d’Air New Zealand, Japan Airlines et Tam Airlines qui misent sur le « Jatropha ». Cette plante permet la production de biocarburant mais est remise en cause par les associations de défense de l’environnement. En effet, malgré une réduction de l’empreinte carbone de 80% en comparaison à du pétrole classique, sa production pose certains problèmes.
Pour Christian Berdot, référent sur la campagne Agrocarburants des Amis de la Terre France : « L’industrie aéronautique européenne vole à contre courant. Les agrocarburants aggravent la pauvreté et la faim, poussent à l’accaparement des terres et à la déforestation. Ils font flamber les prix alimentaires et risquent de détruire les climats au lieu de les sauver. Ces nouveaux objectifs d’utilisation des agrocarburants ne sont qu’un écran de fumée, destiné à cacher l’expansion de l’industrie aéronautique, mais qui n’apporte en aucun cas les réductions d’émissions nécessaires ».
- Avis de Sequovia
Il s’agit d’un enjeu majeur pour le secteur aérien de trouver des solutions pour limiter leurs émissions dans l’environnement. Il faut dire que les émissions par passager et par km sont supérieures à celles d’un passager en voiture par exemple. Trouver des solutions innovantes est donc un défi, en plus de limiter ses trajets en avion.
L’idée de recycler les huiles alimentaires usagées représente un de ces leviers pour le développement durable puisqu’elles n’ont à priori pas d’impact néfaste sur la planète. Rappelons également que les huiles alimentaires usagées ne peuvent être jetées avec les déchets ménagers et doivent être stockées dans des fûts pour etre collectées et valorisées par des entreprises agrées.