C’est dans deux ans et demi qu’Aeroscopia ouvrira ses portes : un Ťparc de découverte aéronautique, scientifique et techniqueť ou, pour dire les choses plus simplement, un musée de haute tenue. Ainsi sera comblée une sérieuse lacune, le Sud-Ouest attendant depuis trčs longtemps cette illustration d’une vocation nationale, européenne et mondiale.
Le projet était évoqué depuis une trentaine d’années par Jean Pinet, pilote d’essais de Concorde et ŕ ce titre compagnon d’André Turcat, l’association Terre d’Envol et d’autres défenseurs d’un patrimoine aéronautique remarquable. Il ne suffisait pourtant pas de reconnaître le bien-fondé de l’idée, encore fallait-il passer aux actes, aller au bout d’un chemin semé d’innombrables embűches.
C’est essentiellement la persévérance obstinée de Bernard Keller, maire de Blagnac, qui a permis de toucher au but, avec l’appui d’Airbus, du Grand Toulouse, de la Région Midi-Pyrénées, du département de la Haute-Garonne et de l’Etat. Il s’agissait de réunir 16 millions d’euros pour faire décoller Aeroscopia, Ťplus qu’un muséeť.
Bernard Keller explique, avec un enthousiasme communicatif, Ťqu’une belle histoire commenceť. Elle va permettre de valoriser l’industrie, d’encourager des vocations, cela en se mettant en réseau avec la Cité de l’Espace. Qui plus est, Aeroscopia fonctionnera en symbiose avec le circuit de tourisme industriel qui permet chaque année ŕ 150.000 personnes de découvrir les sites de production d’Airbus, dont AeroConstellation oů est implantée la chaîne d’assemblage final de l’A380.
La premičre pierre du bâtiment vient d’ętre posée, l’agence d’architectes toulousains Cardčte & Huet étant chargée de réaliser le bâtiment de 143 mčtres de longueur rappelant la silhouette d’un avion, une forme de 6.000 mčtres carrés en arc de cercle qui se veut singuličre, habillée de métal, et qui jouxtera une surface extérieure d’exposition de 4.000 mčtres carrés supplémentaires.
Aeroscopia se situera sur le site ŤPinotť, du nom de l’ancienne ferme la plus célčbre du Sud-Ouest, datant du XVIIIe sičcle, soigneusement préservée, oů seront logées les associations réunies au sein de Terre d’Envol, groupement présidé par Claude Terrazzoni. C’est grâce ŕ ces passionnés, notamment ceux des Ailes anciennes, qu’une trčs belle collection est d’ores et déjŕ disponible, par exemple un Concorde, une Caravelle, un Breguet Deux-Ponts mais aussi des avions beaucoup plus rares.
Grâce ŕ Aeroscopia, on pourrait presque pardonner l’échec de la préservation de l’aérodrome historique de Montaudran, site de l’Aeropostale ravagé, en partie tout au moins, par la spéculation immobiličre. Dans le męme temps, la base militaire de Francazal, toute proche, abandonnée par l’armée de l’Air, semble assurée de subsister avec une vocation civile axée sur l’aviation d’affaires.
Ainsi va Toulouse qui, grâce ŕ l’effet d’entraînement venu de Blagnac, assume peu ŕ peu un rôle international tout ŕ fait remarquable.
Pierre Sparaco - AeroMorning