L’aurore (Sunrise : a song of two humans) est une antithèse parfaite. Film muet des années 20, ce chef d’œuvre de Murnau est un bijou de modernité que l’on ressent encore comme tel.
Contrastes de tous les plans
Pas de comédiens sur-jouant l’action sur une musiquede baltringue, mais une finesse de jeu qui passe par l’expression corporel, les mouvements du visage et l’intensité du regard. Pas de scénario ennuyeux et désuet, mais une histoire d’amour innovante montée selon une structure très différente de toutes les autres romances tournées depuis plus de 80 ans ! Pas de rengaine cousue de fil blanc, mais un rythme soutenu : le spectateur est surpris, maintenu en haleine du début jusqu’à la dernière minute par une intrigue relevée. Pas d’images vieillies et surannées mais une étrange impression de voir la modernité d’un nouveau monde éclore devant nos yeux, cinéphiles des années 2000 !
Un génie à Hollywood
F.-W. Murnau, cinéaste allemand né en 1888, a réalisé le premier film de vampires (Nosferatu), entre autre, avant d’être remarqué par William Fox (oui, le créateur de la Fox) qui l’embauche à Hollywood. Il y créeL’aurore, long-métrage au budget colossal : no-limite ! Cela permit à l’Européen découvrant la vie rêvée de L.A. d’utiliser les effets spéciaux, les décors, toutes les situations qu’ils souhaitaient.
Tête de fil du cinéma expressionniste, il travaille sur les contrastes visuels avec brio, mais il joue surtout sur les incrustations d’images. Se déroulent sous nos yeux tout un spectre d’effets spéciaux déjà très techniques pour l’époque : ils renforcent la qualité du mouvement de la caméra qui annihile enfin le cinéma statique des décennies précédentes. Murnau est le premier à faire bouger l’image et à multiplier les plans. Il nous livre un long-métrage ardent qui semble plus moderne que beaucoup de créations contemporaines.
Bénédicte Crabouillet
L’Aurore (Sunrise : a sonf of two humans), 1927, Friedrich Wilhelm Munrau, avec Janet Gaynor, George O’Brien, Margarett Livingston… Oscar de la meilleure valeur artistique, de la meilleure actrice pour Janet Gaynor et de la meilleure photographie, en 1929