Giulio Aristide Sartorio (1860-1932), Studio per la testa della Gorgone***Le four rougit ; la plaque est prête. Prends ta lampe. Modèle le paillon qui s'irise ardemment, Et fixe avec le feu dans le sombre pigment
La poudre étincelante où ton pinceau se trempe.
Dis, ceindras-tu de myrte ou de laurier la tempe
Du penseur, du héros, du prince ou de l'amant ?
Par quel Dieu feras-tu, sur un noir firmament,
Cabrer l'hydre écaillée ou le glauque hippocampe ?
Non. Plutôt, en un orbe éclatant de saphir
Inscris un fier profil de guerrière d'Ophir,
Thalestris, Bradamante, Aude ou Penthésilée.
Et pour que sa beauté soit plus terrible encor,
Casque ses blonds cheveux de quelque bête ailée
Et fais bomber son sein sous la gorgone d'or.
José-Maria de Heredia