Ducoudray - Ravard © Futuropolis - 2011
« Mon grand-père était ouvrier. Il en est mort. Mon père était ouvrier. Il en était fier. Et moi, je suis ouvrier et je bosse même le week-end ».
Louis travaille à la chaîne dans une usine d’équarrissage de poulets. Une petite vie banale et modeste, la routine des jours qui se suivent et qui se ressemblent. Un jour, il rencontre Suzanne, la secrétaire du DRH de l’usine. Rapidement, ces deux-là se plaisent et commencent à se voir en dehors de l’usine. Un début de relation timide et peu d’intimité pour le jeune couple puisque chacune de leur rencontre se fait en présence de Jean-Claude, le frère de Suzanne. Cela ne gêne pas Louis, ça l’arrange même car il a tellement peu l’habitude des femmes que la présence de ce tiers est plutôt rassurante. Mais de fil en aiguille, ce chaperon se fait envahissant.
Pourtant, Louis et Suzanne poursuivent leur idylle, ils emménagent ensemble, se marient et la petite Pauline vient bientôt agrandir la famille. Mais cette enfant prématurée cause beaucoup d’inquiétudes à ses parents. Ceci ajouté au fait que le budget familial est très serré… rapidement, Suzanne déprime. Jean-Claude fait alors une proposition à Louis, le genre de proposition qui ne se refuse pas et qui l’aiderait à augmenter son train de vie. Louis change de « secteur d’activité », un job au black peu banal mais en relativisant bien « c’était simple, il fallait trouver une autre clientèle pour faire ce que je faisais déjà »…
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Il n’est pas banal c’est album, il ne paye pas de mine et met en scène des petites gens avec de petites perspectives d’avenir. Pourtant, s’est sans compter qu’on a tous un rêve d’Eldorado qu’on aimerait voir se réaliser, ouvrier ou employé… quand l’opportunité se présente, il est parfois plus facile de s’asseoir sur ses valeurs pour s’assurer une petite place au soleil.
Le scénario d’Aurélien Ducoudray a un petit air de déjà vu pour moi qui me suis plongé dans Dexter il y a quelques mois. Les personnages n’ont rien en commun si ce n’est la pratique régulière du meurtre pour le reste, tout diffère. Ici, on voit le personnage évoluer sous nos yeux sur près de 150 pages. Pas de pulsions spéciales, pas de besoin de voir le sang couler, pas de rituel de tueur non plus, juste une absence visible de morale et une envie irrépressible d’assurer les besoins de sa famille. Un tueur payé au contrat qui intègre petit à petit cette nouvelle facette de sa personnalité. Sur fond de chronique sociale, Aurélien Ducoudray nous présente un personnage simple qui exprime peu ses sentiments, influençable et discret. Étonnement, j’ai naturellement compris et accepté la donne et je me suis attachée au personnage.
François Ravard propose quant à lui une ambiance assez réaliste quoiqu’un peu morne. Excepté la première et la dernière planche de l’album, les pages se succèdent au rythme de trois bandes de deux cases. Peu de couleurs : noir, blanc brun. Une atmosphère qui colle assez bien avec le scénario, campe la simplicité et la noirceur de ce monde.
Extrait :
« Ce qui est marrant, c’est que quand on monte dans l’échelle sociale, on a tout de suite des frais de représentation. Le baromètre, c’est quand on vous les offre sans retenue de salaire. On se prend au jeu et on s’équipe, peu importe le coût, on customise. Jetez un coup d’œil autour de vous, vous vous rendrez vite compte que la différence se niche dans le détail. Polo de marque, stylo griffé, costume signé… Des choses dont t’as ni besoin ni envie, des choux à la crème là où un petit-beurre te tenait deux semaines. Mais même le sent-bon, au bout d’un moment, il ne sent plus assez bon » (La faute aux Chinois).
La faute aux Chinois
One-shot
Éditeur : Futuropolis
Dessinateur : François RAVARD
Scénariste : Aurélien DUCOUDRAY
Dépôt légal : juin 2011
Bulles bulles bulles…
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