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ROCK INDUSTRIEL – Les Helvètes de Hell’s Kitchen sont de retour avec une troisième galette, mélangeant efficacement rock, musique industrielle, blues et son tribale. Vous l’aurez compris, il ne s’agit pas d’une nouvelle émission pour concurrencer Top Chef mais bien des cuisiniers de l’enfer qui nous entraînent dans un univers hors des sentiers battus de tous les courants musicaux. Plongée dans les abîmes de la musique expérimentale…
Drôle de trio composé de Christophe Ryser (contrebasse), Cédric Taillefert (percussion) et Bernard Monney (chant et guitare), les Hell’s Kitchen continuent leur bonhomme de chemin avec ce troisième album, étonnante mixture musicale de guitares tantôt rock, tantôt blues, de percussions et de voix puissantes. Un peu plus expérimental que les deux précédents disques, la venue d’un certain Rodolphe Burger (ex Kat Onoma) à la co-réalisation n’y est certainement pas pour rien.Les origines blues sont toujours présentes, fusionnées aux influences post-industrielles dosées à la perfection. Un chant lancinant, écorché, sur des ambiances hypnotiques apportées par des instruments distordus. La batterie laisse parfois place à un tambour de machine à laver, à des couvercles de poubelle, et à d’autres ustensiles divers et variés (poêle à frire, verre à dent ou chaise de jardin). Le tout mijoté dans un laboratoire d’inventivité, très loin des stéréotypes. Une explosion de saveurs à tous les étages !
Cela commence par un titre surprenant, "A Good End", et cela se prolonge pendant douze morceaux, quarante minutes et des poussières. Le premier morceau présente, de bric et de broc, l’univers musical de cette formation originale qui nous porte de suite à ébullition dans le chaudron helvète. Le voyage continue avec "Teachers", où la basse de Christophe Ryser mène un train du même style que la cuisine, d’enfer. C’est novateur et beau comme du Captain Beefheart and his Magic Band, c’est dire!
Nouveaux rythmes, nouvelles dissonances, nouvelles « non-mélodies », tout contribue à nous plonger dans une atmosphère déjantée. C’est direct, sec et très roots ! A des années lumières du son FM et des redites, le groupe se promène entre ballade country avec "The Helpers" et morceau mélancolique comme "Leave And Go Home", le tout sans perdre l’équilibre. L’opus se poursuit avec quelques contributions d’invités conviés spécialement pour les rituels préparés par ces étranges cuisiniers, histoire de délivrer une musique à couper aux couteaux. De celle qui laisse des entailles profondes dans nos certitudes musicales. Même si "Mr Fresh", leur précédent album, reste pour moi incontournable, DRESS TO DIG pourrait bien être le tremplin menant à une notoriété méritée, après plus de dix ans passés dernière les fourneaux.