Le far-west, comme je ne l’avais encore jamais vu. A force de s’extasier devant ses plaines à perte de vue, maintenant on s’y perd. Lent et monotone, désertique, extatique. Kelly Reichardt, subjuguée par ces étendues décharnées, y fait voyager trois familles en quête de l’Oregon. Sous la conduite d’un guide qui opte pour un raccourci, les voici embarquées sur un itinéraire sans balise à travers les hauts plateaux désertiques. Au fur et à mesure de leur avancée, les doutes et l’inquiétude s’installent. L’eau se fait rare et la rencontre avec un indien non identifié amplifie le malaise.
Voilà ce que nous raconte la réalisatrice avec un regard si insistant dans la contemplation que l’ennui vous gagne très vite. Une lassitude propre à cette caravane égarée dans une mythologie qui pouvait espérer autre chose que cet ersatz de conquête de l’Ouest.
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A moins que parabole possible, nous voici en route vers la terre promise, pour ces pionniers qui un temps se raccrochent à leur dieu. Mais gagnés par l’apathie ambiante, ils laissent filer quelques considérations métaphysiques avant de se perdre à nouveau dans le vide minéral.
Une position qui ne laisse guère de champs d’action aux comédiens ; leur jeu tout en retenue , voire même en retrait , participe à l’atonie ambiante (Bruce Greenwood,, le guide est vraiment quelconque) , alors que le personnage de Michelle Williams, mis en avant aux instants les plus critiques est bien ajusté à la sévérité de l’ensemble.
Morne plaine
Le grand héros de ce fiasco demeure le bon sauvage, l’homme animal que Ron Rondeaux, interprète avec une jubilation secrète, me semble-t-il. Il est à la fois la providence et le diable, qui guide maintenant la caravane vers son destin. Le final ne nous en dira pas plus. Mais personnellement il y a belle lurette que j’avais abandonné la chevauchée.