Imaginez-vous doté d’une intelligence surhumaine, du pouvoir de contrôler les autres par la force de l’esprit, de les transformer en marionnettes dépourvues de volonté, obéissant à vos ordres les plus fous. Ce don fascinant et terrible Jimbo Farrar le connaît bien car depuis son enfance, il le possède. Brillant chercheur à la tête de la Fondation Killian pour enfants surdoués, très amoureux de sa femme Ann, Jimbo n’a qu’un but : trouver d’autres prodiges comme lui. Il imagine alors un jeu en ligne d’une complexité extrême et finit par découvrir cinq adolescents qu’il décide de réunir à New-York. Conscients de leur différence, isolés et incompris, ces prodiges se retrouvent un soir à Central Park. Sauvagement agressés, leur destin bascule. Ils déchaînent alors leurs pouvoirs avec une intelligence diabolique, éliminant sans laisser de trace ceux qui les ont trahis... Jimbo est le seul à l’avoir compris, mais aussi le seul à pouvoir les arrêter. Il va devoir combattre le déchainement de violence de ses esprits-jumeaux… à moins qu’il ne décide de se joindre à eux…
The Prodigies (2010, 1h27), film d’animation français, britannique, belge, canadien, luxembourgeois, réalisé par Antoine Charreyron.
The Prodigies est l’adaptation cinématographique de La nuit des enfants rois de Bernard Lenteric,
D’abord, commençons par l’emballage. Ça fait un moment que nous n’avons pas eu de « vrais » films d’animation « adultes ». La mise en scène fait penser, avec cependant moins d’originalité, à Renaissance : autre film d’animation francophone pour lequel je n’arrive pas à déterminer s’il s’agit des mêmes studios. Quoi qu’il en soit, même si certaines mises en scène me semblent faciles en ceci que parfois déjà vues voire attendues, elles demeurent dynamiques et d’assez bonne facture. On n’est pas dans le tout réaliste. Il s’agit d’un film d’animation de SF qui reprend les codes de l’un et l’autre. Par ailleurs, la 3D reste agréable même si elle n’apporte pas non plus énormément de choses du point de vue de la qualité d’ensemble. Ceci dit, est ce que la 3D apporte réellement quelque chose ? Ceci est un autre débat.
Ensuite, le fond. L’histoire de jeunes gens surdoués, et nécessairement incompris, inadaptés au monde dans lequel ils vivent. Pour certains, la vie est quand même plus douce en apparence. Ils ne vivent pas tous dans la pauvreté, ne se font pas battre par leurs parents. Ces derniers peuvent se montrer aimants. Mais, chacun ressent comme un mal être. Jimbo a eu la chance de rencontrer le responsable de la Fondation Kilian au bon moment. Dans l’espoir de trouver d’autres enfants aux mêmes pouvoirs que lui, ils mettent en place un jeu. Seuls certain-e-s qui peuvent résoudre des énigmes particulièrement complexes seront élu-e-s. Or, Kilian meurt, sa fille le remplace à la tête de la fondation, et Jimbo perd plus qu’un allié. Il perd aussi un père adoptif. Pour faire gagner de l’argent à la Fondation, un jeu est organisé visant l’exposition de leurs talents. Or, au détour d’une épreuve, les enfants font une mauvaise rencontre. Et, aussi intelligents soient-ils, ils perdent le moyen de discerner ceux qui leur veulent du mal et les autres. Jimbo peut les arrêter. Il en éprouve le devoir. Mais, le veut-il vraiment, lui qui a été soumis à des épreuves similaires ?
Le scénario de The Prodigies a un vrai potentiel en terme d’ambigüité des sentiments et des décisions. Les thèmes abordés sont durs. On éprouve facilement de l’empathie pour chacun à un moment ou à un autre. Cependant, il verse aussi facilement dans le manichéisme. Une dichotomie pas forcément habituelle, certes, mais le point de non retour est effectivement franchi. Au lieu de marcher en équilibre entre les deux camps, le réalisateur prend partie. Etant donné le propos du film, c’est un vrai bémol. Un autre concerne le traitement des personnages de la bande de surdoués. Si deux d’entre eux sont réellement exploités (et encore, toute proportion gardée), un flou artistique entoure les autres. Pourtant, ils sont là dans la même galère.
Bref, The Prodigies laisse une forte impression sur le moment. Il est bien foutu, et fait passer un « bon » moment de cinéma. Pour autant, il supporte assez mal la durée à mes yeux. Cependant, je crois que la Fête du Cinéma bat son plein. L’occasion de lui donner une chance ?
note :
Les Murmures.