Ces hommes pour apaiser leur faim
N'ont pas assez des fruits que Dieu mit sous leur main.
Par un crime envers Dieu, dont frémit la Nature,
Ils demandent au sang une autre nourriture.
Dans leurs cités fangeuses, il coule par ruisseaux
Les cadavres y sont étalés en monceaux.
Ils traînent par les pieds, des fleurs de la prairie,
L'innocente brebis que leur main a nourrie.
Et sous l'oeil de l'agneau l'égorgeant sans remords,
Ils savourent ses chairs et vivent de la mort.
De cruels aliments incessamment repus,
Toute pitié s'effaça en leurs coeurs corrompus.
Le meurtre par milliers s'appelle une victoire,
C'est en lettres de sang que l'on écrit la gloire.
Alphonse de Lamartine