Atelier livres en poche
(Maison Gueffier, La Roche sur Yon)
L'histoire : A à peine trente ans, Germain, laboureur, est veuf depuis deux ans d'une femme qu'il pleure toujours et père de trois enfants, l'aîné vient d'avoir sept ans. Son beau-père, soucieux de son avenir, le presse de chercher une nouvelle femme pour s'occuper de ses petits, et oublier son chagrin. Au départ réticent, Germain finit par accepter l'idée d'aller trouver une prétendante à Fourche. Il doit pour cela traverser une forêt au centre de laquelle se niche une mare. Chargé de Marie, une petite voisine de 16 ans qu'il doit laisser en route, et de son dernier fils, il voyage tranquillement vers ce nouvel amour incertain, mais la forêt lui fait curieusement perdre son chemin, et sa raison...
Mon avis : Ce court roman est une redécouverte. Il m'en restait un souvenir confus de sorcellerie et d'envoûtement, je ne saurais dire pourquoi. En fait, George Sand brosse ici le portrait d'une campagne rude mais belle, où les paysans connaissent l'injustice de voir leur travail nourrir des propriétaires terriens blasés, une prise de position habituelle pour elle mais inhabituelle pour l'époque. Cette histoire est belle, celle d'un amour qui prend ses protagonistes au dépourvu, celle d'une forêt qui protège et fait tourner les têtes, celle d'une mare dont on ne parle jamais, qu'à l'improviste, comme par mégarde. Ce roman nous fait dire une fois de plus, comme bien souvent, que ce n'est ici pas le but du voyage qui importe mais bien le chemin. A lire, bien sûr !
Un extrait : "Germain connaissait le chemin jusqu'au Magnier ; mais il pensa qu'il aurait plus court en en prenant pas l'avenue de Chanteloube mais en descendant par Presles et la Sépulture, direction qu'il n'avait pas l'habitude de prendre quand il allait à la foire. Il se trompa et perdit encore un peu de temps avant d'entrer dans le bois ; encore n'y entra-t-il point par le bon côté, et il ne s'en aperçut pas, si bien qu'il tourna le dos à Fourche et gagna beaucoup plus haut du côté d'Ardentes.
Ce qui l'empêchait alors de s'orienter, c'était un brouillard qui s'élevait avec la nuit, un de ces brouillards des soirs d'automne que la blancheur du clair de lune rend plus vagues et plus trompeurs encore. Les grandes flaques d'eau dont les clairières sont semées exhalaient des vapeurs si épaisses que, lorsque la Grise ls traversait, on ne s'en apercevait qu'au clapotement de ses pieds et à la peine qu'elle avait à les tirer de la vase.
Quand on eut enfin trouvé une belle allée bien droite, et qu'arrivé au bout, Germain chercha à savoir où il était, il s'aperçut bien qu'il s'était perdu [..]."
L'avis des autres participants : Ce roman est un conte, naïf, idyllique, peu réaliste, où les personnages parlent comme des aristocrates (convention de l'époque) !
George Sand a voulu montrer la beauté du monde paysan, malgré la grande pauvreté qui régnait dans les campagnes, les conventions sociales, les supersititions.