Je me suis pris une giclée de gaz lachrymogène il y a quelques instants. Il y avait une manif* devant le parlement européen, avec des centaines de jeunes gauchistes en colère -on ne peut pas vraiment les appeler des anarchistes, puisque la plupart d’entre eux dépendent de l’état pour leur pain quotidien- hurlant et baragouinant comme des singes blessés. La réponse de l’UE à la crise grecque est une disgrâce, criaient-ils. Les travailleurs d’Europe sont sacrifiés pour appaiser les spéculateurs. Et vous savez quoi ? Ils ont raison.
Quand la crise du crédit a frappé en 2008, les gouvernements du monde entier se sont tournés vers un groupe de personnes qui, par définition, ne pouvait pas leur donner de conseil désintéressé, à savoir, les banquiers.
Sans surprise, ces derniers ont solennellement assuré les ministres, que, à moins qu’on leur donne des sommes colossales, toute l’économie allait s’effondrer. Je suis sûr que, si les gouvernement confiaient aux boulangers leurs politiques dans le domaine des subventions à la boulangerie, ils se verraient dire que ces paiements sont vitaux. Les boulangers pourraient même le croire à moitié, eux-mêmes. Mais ils auraient tort, tout comme les banquiers ont tort. Le preuve d’à quel point ils ont tort est à trouver en Islande, qui n’était pas en position d’assumer le passif de ses banques privées et qui, en conséquence -même si elle était bien plus durement frappée par l’effondrement que tout état de l’UE- est désormais en bien meilleure santé que de nombreux pays de la zone euro.
Ne me croyez pas sur parole, même Paul Krugman, le gourou des étatistes et des keynésiens du monde entier, l’a remarqué.
Le cycle de sauvetages de 2008 a spectaculairement échoué dans son objectif déclaré, à savoir éviter la récession. La grande Bretagne, les Etats-Unis et d’autres pays occidentaux ont donné des sommes sans précédent à leurs banques. Nous savons d’où venait cet argent mais, trois ans plus tard, nous n’avons que très peu d’idée où il est allé, ou dans quelles poches il se trouve. L’idée commence à germer dans l’esprit de certains de nos chefs politiques, que peut-être ils se sont laissés gagner par la panique au point de prendre une mauvaise décision. Et pourtant, aussi incroyable que ça puisse paraître, ils proposent maintenant de répéter leur erreur.
Les sauvetages de la zone euro sont, par essence, un nouveau transfert de moyens des pauvres vers les riches. Comme ce blog ne se fatigue jamais de le pointer du doigt, l’argent des sauvetages ne va pas aux Grecs, aux Irlandais ou aux Portugais; il va aux banquiers et aux détenteurs d’obligations qui ont fait de mauvais investissements. Le remboursement, lui, par contre, viendra bien des habitants de ces malheureux pays. Pas étonnant qu’ils soient dans la rue.
Les gauchistes on tort sur plein de choses. Leur refus de comprendre que les dépenses et l’emprunt excessifs sont la cause de la crise, et ne seront pas sa solution, en fait des têtes de mules presqu’héroïques. Mais ils ont absolument raison sur une chose : les politiques menées par les chefs de l’UE sont effet une forme de guerre de classe contre les travailleurs, dans les faits sinon dans les intentions. Comme le dit Brian Denny au journal Marxiste britannique le Morning Star,
Des pays en difficultés comme la Grèce, l’Irlande et le Portugal sont dans une spirale infernale menant à toujours plus de crises, du fait des politiques de l’UE. Aucun montant de sauvetages et de prêts ne changera quoi que ce soit au fait qu’ils ne peuvent pas dévaluer leurs monnaies tant qu’ils sont prisonniers de la zone euro.
En plein dans le mille, camarade. Brian fait campagne pour un référendum pour ou contre rester dans l’UE, et je conjure tout le monde de le soutenir. Nul n’est besoin d’être marxiste pour voir que la critique marxiste de l’UE -à savoir que c’est intrinsèquement un système d’oppression, prenant au plus grand nombre pour donner à quelques uns- est exacte. Tôt ou tard, la révolution viendra.
*: en Français dans le texte.
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Article traduit et reproduit avec l’aimable autorisation de l’auteur. Sur le web.