De nouvelles approches pour s'attaquer à l'abus d'alcool, de drogues et de médicaments chez les personnes âgées, c'est ce que recommandent ces experts médicaux, du Royal College of Psychiatrists. Selon les spécialistes, de nombreux adultes d'âge moyen ou plus âgés ont des problèmes avec ces substances, associés à des facteurs complexes en santé mentale qui peuvent agraver ces dépendances. En bref, l'abus de drogues et d'alcool par les personnes âgées devient un problème très préoccupant de santé publique qui devrait mieux être pris en charge, à la fois sur le plan physique et psychologique.
Ce rapport qui couvre quasiment l'ensemble des substances (médicaments, tabac, alcool, drogues), propose en particulier une nouvelle mesure au Royaume-Uni, visant à réduire le taux d'alcoolémie de sécurité recommandé pour les personnes de plus de 65 ans à un maximum de 1,5 unités d'alcool par jour, soit, l'équivalent à une demi-pinte de bière ou d'un verre de vin. Les limites actuelles d'alcool recommandées sont un maximum de 4 unités par jour pour les hommes et de 3 unités pour les femmes.
Le contexte rappelé est propice à l'aggravation du phénomène, avec,
- la proportion croissante de personnes âgées,
- un nombre de personnes âgées avec des problèmes de toxicomanie signalé à la hausse,
- l'alcool et les drogues toujours parmi les 10 premiers facteurs de risque de maladies et de décès,
- enfin, des taux de mortalité liés à la consommation de drogues et d'alcool plus élevés chez les personnes âgées que chez les jeunes.
L'usage de “substances” chez les personnes âgées est fréquemment accompagné de problèmes psychiatriques complexes, et évolue vers des “combinaisons” de substances, comme alcool et prise simultanée et inappropriée de médicaments de prescription. Les taux d'abus de médicaments sont élevés, particulièrement chez les femmes âgées. Bien que la consommation d'alcool diminue avec l'âge, un nombre important de personnes âgées consomment toujours de l'alcool à des niveaux dangereux. Alors que la consommation de drogues illicites est plutôt rare chez les plus de 65 ans, le rapport prévoit une augmentation de la consommation chez les plus de 40 ans qui, au fil du temps persisterait chez les plus âgés.
Aussi vers une “polyconsommation”: Il existe des preuves croissantes de recours à des combinaisons de drogues légales et illégales, de médicaments prescrits ou OTC. Cette pratique, connue sous le nom polypharmacie ou de dépendance polyconsommation de drogues, apparaît ici comme un problème spécifique aux personnes âgées accompagné de troubles de santé physique et mentale. Les hommes âgés sont plus à risque de consommation combinée d'alcool et de substances illicites que les femmes, mais les femmes plus âgées ont un risque plus élevé d'abus de médicaments.
Quels sont les facteurs de risque chez les personnes âgées? Les maladies bien entendu et la prescription à long terme de médicaments, comme les hypnotiques, les anxiolytiques et les analgésiques. S'ajoutent également des facteurs psychosociaux tels que le deuil, la retraite, l'ennui, la solitude et la dépression qui sont tous associés à des taux plus élevés de consommation d'alcool. Il est possible également, disent les auteurs, que le déclin cognitif soit également facteur de risque. Cependant, la relation est complexe et il est difficile de savoir si les problèmes de santé mentale conduisent à la toxicomanie ou si c'est le contraire.
Quelle ampleur de la toxicomanie chez les personnes âgées? Si le rapport ne donne pas de chiffre précis, les estimations citées pour l'Europe suggèrent plus qu'un doublement du nombre de personnes âgées de plus de 65 concernées entre 2001 et 2020. De 1992 à 2008, le plus haut taux de décès lié à l'alcool est situé chez les 55 – 74 ans. Plus d'un homme âgé sur 5 déclare boire plus de quatre unités d'alcool au moins une journée de la semaine. 5% des plus de 45 ans au Royaume-Uni ont consommé une substance, au moins une fois, au cours de l'année précédente.
Globalement, le rapport conclut sur la nécessité d'accorder aux plus âgés plus d'attention dans nos politiques de santé, car ce sont actuellement des usagers «invisibles» en termes de directives cliniques, de recherche, et de formation des professionnels de santé. Les généralistes, par exemple, devraient questionner leurs patients âgés, lors des visites de routine, sur leur usage de drogues et de stupéfiants. Le rapport souligne enfin que de l'usage de substances du patient âgé doit réunir la prise en charge physique et psychologique. La formation des professionnels de santé sur l'impact de l'abus de substances chez les personnes âgées »n'est pas une option facultative”.
Source: Report CR165 Our invisible addicts. Royal College of Psychiatrists College 2011.
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