Loin de moi l’idée d’insinuer qu’Edouard Boubat (à la MEP jusqu’au 30 Mars) n’est pas un grand photographe. ‘Correspondant de paix’, il a beaucoup travaillé pour le magazine Réalités, qu’une exposition voisine présente. Un grand photographe, certes, mais qui produit des images de cartes postales, des images pour papier glacé de luxe : des photographies bien faites, humanistes, tendres ou drôles, mais tellement prévisibles qu’on s’ennuie assez vite. Il y a de beaux paysages, de jolies plages, de charmants enfants, son adorable petit-fils Rémi au coquillage, de parfaits amoureux. Tout est très convenu, plutôt mièvre et bien formaté. Pourtant sa première photo, cette Petite fille aux feuilles mortes, laissait augurer plus d’impertinence.
Il est rare
qu’on vibre, qu’on s’étonne, qu’on perçoive une déchirure dans cette étendue lisse, un escarpement dans cette platitude. Ici la lumière poussiéreuse d’un village indien retient le regard; là les traînées de plâtre sur un mur rejointé forment un motif abstrait. Mais même les portraits de femmes aimées semblent être des tableaux antiques et froids, même Genet (le portrait dans l’exposition, ci-contre, est plus large, le montrant à la terrasse d’un café) a l’air d’un enfant de choeur.800ème billet sur ce blog aujourd’hui.