Recevez un livre en échange de quelques questions à poser à l’auteur !
Nos membres les plus fidèles savent que tous les deux ou trois mois nous organisons des opérations de Masse Critique où tout le monde peut s’inscrire afin de recevoir un livre en échange d’une critique sur Babelio.
Nous avons remarqué que nos chroniqueurs avaient parfois de nombreuses questions à poser aux auteurs dont ils critiquaient les textes. Nous avons ainsi récemment mis en place une nouvelle opération, baptisée « Mots pour mots » à travers laquelle les blogueurs ou membres de Babelio peuvent recevoir un livre en échange non pas d’une critique (qu’ils peuvent faire par ailleurs !) mais de quelques questions directement adressées à l’auteur du livre !
Auteur de Commissaire Garon – la Jeune Chair, un premier roman policier, Saint-Luc a ainsi très amicalement répondu aux questions de notre membre Bibliame ! Vous retrouvez ci-dessous l’intégralité de l’entretien entre Babelio et Saint-Luc :
Commissaire Garon : l’interview de Saint-Luc par Bibliame
Saint-Luc et ses lectures
Quel est le livre qui vous a donné envie d`écrire?
Il n’ y a pas vraiment de livre, mais deux auteurs : Maurice Leblanc, parce que j’ai été enfant fasciné par la gouaille anarchiste et le port de grand seigneur de Lupin, et Jacques Prévert parce qu’il m’en avait donné le conseil, conseil qu’assez honteux je n’ai pas suivi par manque de courage et goût du confort.
Quel est l`auteur qui vous a donné envie d`arrêter d`écrire (par ses qualités exceptionnelles…)
Simenon, sans aucun doute : comment arriver à rendre une atmosphère si dense de manière aussi naturelle ? Il avait vraiment un don unique, celui-ci, je le hais ce génie!
Quelle est votre première grande découverte littéraire ?
On peut répondre Hergé ? Non, sans doute… Juste après, c’est Prévert.
Quel est le livre que vous avez relu le plus souvent ?
« Münich ou la drôle de paix » d’Henri Noguères. Je sais, c’est curieux pour un apprenti-auteur de polars, mais c’est ainsi. Chacun a je pense beaucoup à apprendre de ce livre, sur la lâcheté de l’homme, sa bêtise, et l’enchaînement implacable des évènements, suite logique connue des puissants et occultée à des peuples qui s’en boucheraient d’ailleurs les oreilles. L’affaire de Mûnich pourrait être comparée à ce qui se passe aujourd’hui s’agissant des conséquences du défaut de la Grèce sur sa dette : la suite est connue des spécialistes, mais ils s’abstienne d’ en parler raisonnablement car les suites en sont très négatives ; alors ils préfèrent rester dans l’incantation et mentir sciemment, chacun dans un rôle appris et répété. Affligeant, comme le fut l’accueil réservé à Chamberlain à son retour de Bavière. La dictature de la pensée, à l’œuvre dans le monde politique comme dans celui de l’entreprise, me semble effroyable et m’apprend que l’homme n’apprend pas.
Quel est le livre que vous avez honte de ne pas avoir lu ?
Spontanément ? « Autant en emporte le vent » de Margaret Mitchell. J’en possède une édition Gallimard numérotée assez rare de 1950 : 999 pages pour quelques kilos. Je le contemple souvent qui trône dans la bibliothèque et me renvoie ma paresse.
Quelle est la perle méconnue que vous souhaiteriez faire découvrir à nos lecteurs ?
Disons, une perle et un méconnu. La perle serait celle que Simenon nous a offerte avec « L’ombre chinoise », perle pas si rare certes, mais je la mentionne pour le cas où un babélien ne l’aurait pas lu, ce qui est le cas, j’ai vérifié avant ! Si vous en cherchez un de réellement méconnu, j’avancerais bien mon prochain polar qui ne sort qu’en octobre, mais c’est à prendre au 341ème degré !
Quel est le classique de la littérature dont vous trouvez la réputation surfaite ?
« Illusions perdues ». C’est un des Balzac les plus connus, mais il ne tient pas la comparaison devant « Splendeurs et misères des courtisanes ». De plus, je n’ai jamais compris pourquoi Balzac avait fait évoluer ainsi les capacités de Rastignac. Pas vraiment aimable dans « Illusions… », il reparait tout à coup sage, avisé et supérieur dans « Splendeurs… ». En règle générale, les personnages de Balzac tiennent leur rôle dans le temps, pas celui-ci.
Avez-vous une citation fétiche issue de la littérature ?
Plusieurs, mais si je dois choisir, je citerai Bossuet et son « Traité de la connaissance de Dieu et de soi même ». Il y dit notamment : « Le plus grand dérèglement de l`esprit, c`est de croire les choses parce qu`on veut qu`elles soient, et non parce qu`on a vu qu`elles sont en effet ». C’est toujours très actuel, hélas.
Et en ce moment que lisez-vous ?
Une biographie de Madame Récamier, de Françoise Wagener, excellente tant par ce qu’elle nous apprend de la Lady Gaga de son siècle que par la truculence de l’auteur, le dernier Eva Joly « Les yeux de Lira » qui m’a été aimablement adressé par un de nos amis babéliens (Yv1, que j’en profite pour remercier ici) et « Efface la rouquine » de Chandler
Question à propos de Commissaire Garon- La jeune chair!
Qu’est-ce qui vous a amené à l’écriture ?
Question souvent posée et à laquelle je n`ai pas de réponse précise. L`envie de faire partager des ressentis, je crois. Egalement le désir de laisser une trace après ma mort… Pas au Panthéon, mais dans le coeur de mes enfants !
Pourquoi avoir choisi le genre « policier » pour votre premier livre ?
Le choix vient directement de mes lectures. honte à moi, je ne lis que des biographies historiques, Balzac et Zola, et des polars. Trop paresseux pour la biographie, pas assez bon pour tenter d`imiter Balzac, j`ai opté pour un mix Simenon/Desproges/de Villiers Gérard/Barrès. Mais il y a des policiers que je n`aime pas du tout: Agatha Christie ou Conan Doyle sont de ceux-là; Le policier est un genre vaste: j`essaie de faire un roman d`atmosphère empreint d`auto-dérision et de dérision tout court, et de faire adhérer le lecteur à un thème qui interpelle.
Même si « Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé ne peut donc être que fortuite », votre récit s’est-il inspiré de votre vécu dans le microcosme politique dans lequel vous avez exercé des fonctions ?
Certains se sont déjà reconnus dans quelques personnages, et le prochain polar ne me vaudra pas que des amis. La plupart des scènes ont été, soit vécues, soit puisées à très bonne source. Bien entendu, je mélange ensuite pas mal les lieux et les noms,. et puis, il y aussi l`imagination pure… Mais c`est surtout lorsqu`une scène parait inventée qu`elle ne l`est précisément pas…
Vous avez prénommé le Commissaire d’Albéric Garon de Bouziq : d’où vous est venu une telle idée ?
Albéric est le prénom d`un homme politique lyonnais pour lequel j`ai de l`amitié; Garon est le nom d`un ancien confrère que j`aime beaucoup et qui m`a toujours semblé avoir le physique de l`emploi (lorsque j`imagine Garon, c`est son image qui vient), de Bouziq rappelle une origine maternelle, même si j`ai légèrement modifié l`orthographe.
Pourquoi avoir choisi d`afficher une « photo » du Commissaire sur la page de couverture ?
Pour la couverture, je n`ai pas choisi grand chose… Il faut avoir avec Denis MORLON, le directeur de publication des Editions Beaurepaire.
Je me demande bien également qui cette « photo » (sans doute très retouchée d`ailleurs) pouvait bien représenter à l`origine.
Merci à Bibliame pour ses questions et à Saint-Luc pour ses réponses et sa disponibilité !
Mots pour Mots revient dans très peu de temps pour de nouvelles interviews effectuées par les membres de Babelio ! N’hésitez-pas à proposer des noms d’auteurs que vous aimeriez interviewer ! Qui sait, ça nous donnerait peut-être des idées pour les prochaines éditions de Mots pour mots !