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Toros y rugby

Publié le 24 juin 2011 par Ansolo

Au risque de déplaire à ses opposants, force est de constater une forme de proximité entre corrida et rugby. Proximité pas seulement géographique (encore que le sud de l'Espagne se prête assez peu à l'exercice ovale), mais également sémantique. Cette proximité fut illustrée par la mairie de Béziers à l'occasion de la feria 2009, sur une affiche présentant un rugbyman bien connu doté d'une tête de taureau. Affiche qui dut être retirée à la suite du refus dudit rugbyman de se voir son image utilisée pour un événement prêtant à polémique.  

Pour dresser un parallèle précis et circonstancié entre les deux formes de jeu, dont l'un est mortel et l'autre seulement d'un point de vue symbolique, il faudrait un spécialiste comme le journaliste Christian Montaignac -auteur d'une chronique éclairante sur la question dans le dernier numéro du magasine "Attitude Rugby". Pour autant, il peut être possible de donner quelques exemples significatifs de cette convergence.

Dans l'un et l'autre cas, il est question de brutalité et de grâce, de combat et de danse, de contact et d'évitement. Le champ clos de l'arène ou du stade, ses habitués appuyés sur la barrera ou la main courante, assis dans les loges ou les palcos, constituent le cadre de l'affrontement. Le long de la touche, dans un périmètre réservé, les entraîneurs et les soigneurs exortent leurs joueurs, leur tendent de l'eau ou une serviette pour éponger la sueur qui perle sur leur front, tout comme le font les peons dans l'abris du callejon.

L'arène comme le terrain de rugby sont essentiellement réservés aux acteurs eux-mêmes, le torero et le toros, les joueurs. Des arbitres, les Alguazils, sont là pour assurer le respect des règles, normes séculaires dont les premières formalisations émergèrent à partir du début du 19ème siècle.

Comme la corrida, le rugby revendique des spécificités d'ordre culturel, un ensemble de valeurs propres et partagées entre des "aficionados" qui se reconnaissent comme formant une communauté spécifique, partageant un vocabulaire et une compréhension des règles que n'ont pas les simples spectateurs (les "toristos").

Mais ce qui frappe surtout, c'est la similitude de certaines gestuelles, où il est question de tromper la vigilance de l'adversaire, de le pousser vers une fausse piste, par une feinte ou un déplacement idoine. L'immobilité du toreros au moment de la passe rappelle l'attitude d'un André Boniface offrant le ballon à son partenaire, comme le terme "aller à la corne" évoque le courage du joueur qui affronte la défense de l'équipe adverse.

On terminera cette courte et bien incomplète présentation par une conclusion quelque peu ironique. On relève que bien souvent la comparaison entre corrida et rugby repose sur l'idée d'une opposition entre l'attaquant, assimilé au torero, et le défenseur, taureau prompt à lui faire mordre la poussière de l'arène. Désormais, le rugby moderne tend à transformer l'attaquant en un cornu pratiquant le rentre dedans, tête baissée et bave aux lèvres. Loin des naturelles et des véroniques.

A l'image, finalement, de l'affiche de la feria de Béziers 2009. 


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