Classé au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1999, l’arganier joue un rôle essentiel dans le maintien de l’équilibre écologique. En effet, son système racinaire s’enfonce très profond dans le sol pour capter l’eau, ce qui permet de stabiliser le sol, de réduire l’érosion et de limiter l’avancée du désert.
Les tribus berbères utilisent le bois de l’arganier pour la charpente de leurs maisons d’argile et les coques pour la combustion. Les feuilles et les tourteaux servent à nourrir les bêtes et l’huile extraite des amandes de cet arganier est utilisée dans la thérapie de nombreuses affections.
Si cet arbre peut vivre 150 à 200 ans, on déplore la disparition en moins d’un siècle de plus d’un tiers des arganiers, avec 600 hectares en moins chaque année, au profit de cultures maraichères qui consomment beaucoup trop d’eau. Un programme de replantation est en cours depuis 2006 grâce au soutien de l’Union Européenne mais il faudra attendre 10 ans et sans être certain que l’huile d’argan produite à partir de ces nouveaux plants sera de même qualité.
Les noix de l’Arganier
Les fruits de l’arganier sont verts. Ils ressemblent à une olive mais ils sont plus gros et plus ronds. A l’intérieur se trouve une noix dont la coquille est très dure. Elle représente environ un quart du poids du fruits. Chaque noix peut contenir jusqu’à 3 amandons, à partir desquels on extrait l’huile d’argan
Les chèvres et l’arganier
L’arganier est souvent représenté sur les photos clichés avec son tronc noueux et tordu permettant aux chèvres de l’escalader, de manger ses feuilles et ses fruits verts. Il faut être vigilant sur l’origine des amandons car certains peuvent justement provenir des déjections des chèvres. D’où parfois l’odeur animal de certaines huiles qui ne sont évidemment pas de qualité.
La fabrication de l’huile d’Argan
Pendant des siècles, les femmes berbères ont produit l’huile d’argan par une méthode manuelle qui comprend plusieurs étapes :
- Ramasser les fruits,
- Les dépulper c’est-à-dire extraire la noix du fruit,
- Les concasser pour libérer les amandons avec un premier tri pour retirer les impuretés, (ces 2 dernières étapes peuvent prendre 6 heures pour un 1 kg de noix),
- Les torréfier sur feux doux si il s’agit de l’huile d’argan alimentaire (dans ce cas elle aura un goût de noisette)
- Les laisser refroidir,
- Puis les écraser dans un moulin à bras rotatif en pierre,
- Ajouter de l’eau tiède et mélanger pour former une pâte (un tourteau) et en extraire l’huile d’argan.
Soit environ 20 heures de travail pour 1 litre d’huile d’argan, et les fruits d’une dizaine d’arbre.
Dans le cas de l’huile d’argan utilisé en cosmétique, les amandons ne sont pas torréfiés et l’huile est filtrée.
Actuellement des presses mécaniques viennent soulager le travail des femmes berbères, réduire de moitié le temps de production d’un litre, augmenter le rendement mais également apporter une garantie d’hygiène. En effet, la méthode manuelle exige l’utilisation de l’eau pouvant être source de contamination.
Pour escompter une appellation première pression à froid synonyme de haute qualité, l’huile d’argan ne doit pas avoir été extraite par solvant et ne doit pas avoir été chauffée.
Les vertus de l’huile d’argan
L’huile d’argan est naturellement gorgée d’acides gras essentiels insaturés (plus de 80%) dont des acides oléiques (oméga 9) et linoléiques (oméga 6), présents respectivement à près de 45 % et 35 %. Cet acide linoléique n’est pas produit par l’organisme et doit être apporté par l’alimentation ou par application. Il confère à l’huile d’argan des propriétés hydratantes, nutritives et protectrices, idéale sur les peaux sèches et fragiles, retardant le vieillissement de la peau et l’apparition de rides.
L’huile d’argan contient également de la vitamine E, tocophérols (620 mg/kg contre 320 mg/kg pour l’huile d’olive) et des composés phénoliques (56 mg/kg) qui agissent comme de puissants antioxydants naturels et anti-radicaux libres. Ils activent les fonctions vitales des cellules et augmentent les défenses naturelles de la barrière cutanée face aux agressions extérieures.
Utilisation de l’huile d’argan
En cosmétique, choisir une huile d’argan spécifique dont les amandons n’auront pas été torréfiés, 100 % pure et naturelle et dont la garantie de la qualité vous sera apportée par la mention de l’organisme certificateur (cherchez le logo Ecocert ou Cosmébio).
L’huile d’argan peut être utilisée par toute la famille.
- Idéale pour masser l’épiderme fragile des bébés et des enfants mais également pour les massages des adultes afin de soulager les muscles fatigués ou endoloris, et
- Protectrice pour les seins et les ventres des femmes enceintes
- En soin intensif, le soir sur le visage et le cou pour ses propriétés régénératrices et anti-rides.
- Sur les cheveux, en masque nutritif avant le shampoing ou en ajoutant directement 2 à 3 gouttes à votre shampoing pour nourrir et revitaliser les cheveux secs ou colorés.
- En application quotidienne pour le soin des ongles cassants et dédoublés, avec une cure d’une semaine tous les mois, en mélangeant à part égale citron et huile d’argan et en laissant tremper 15 minutes
- Elle aide la peau à se protéger contre les agressions extérieures (froids, UV, détergents, solvants, …)
- Dans la pharmacopée marocaine, elle est recommandée contre l’acné, les gerçures, les brûlures. Louée par les femmes marocaines depuis des générations, l’huile d’argan les aide à favoriser la cicatrisation, à éviter la surinfection, à faire disparaitre les traces de varicelle, les coups de soleils ou l’eczéma.
En cuisine, elle est actuellement la coqueluche des grands cuisiniers. Choisir une huile d’argan alimentaire, extraite par première pression à froid d’amandons légèrement torréfiés qui lui donne un léger goût de noisette. Pour lui préserver toutes ses saveurs et qualités nutritionnelles, cette huile d’argan alimentaire en doit pas être chauffée. Elle sera, par exemple, ajoutée après cuisson pour parfumer les légumes ou céréales cuits à la vapeur, ou pour assaisonner vos crudités. Il est préférable de réserver la bouteille ouverte au réfrigérateur et de la consommer rapidement après ouverture.
Les coopératives de femmes
L’huile d’argan est aujourd’hui l’huile la plus chère du monde : “l’or vert du désert” titrait Envoyé spécial du 10 janvier 2008
La production nécessite un processus exigeant et laborieux avec beaucoup de manutention. On comprend ainsi mieux le prix d’un litre.
La demande est croissante et l’huile d’argan est actuellement le produit tendance présent dans chaque cosmétique (Regardez bien les % souvent limités à 1 à 2 % avec des effets très réduits en étant associés à des composants issus de la pétrochimie).
Les multinationales font monter les enchères, d’autant que la production est limitée et qu’il est essentiel aussi de préserver la ressource (l’arganier).
Pour les femmes berbères l’huile d’argan est une source essentielle de revenus. Les profits de cette production doivent donc être redistribués pour permettre à ces femmes de vivre dignement de leur savoir faire ancestraux, et d’être au cœur d’un projet à la fois social et économique. Des coopératives de femmes fleurissent mais elles n’ont parfois que le nom de coopératives.
Soyez vigilant dans vos prochains achats d’huile d’argan. Surveillez la qualité (bio certifiée) et les conditions de la production. Optez pour le commerce équitable où les femmes bénéficient d’un préfinancement, fixent elles mêmes leur prix, où les flacons sont conditionnés et certifiés sur place et les profits redistribués équitablement pour des projets choisis par la coopérative, qui contribuent aussi à l’équilibre économique et environnemental local.
C’est par vos achats, votre vigilance et votre sélection, que vous pourrez aider ses femmes à vous transmettre le meilleur des gestes ancestraux et à découvrir les richesses de ces huiles du Monde.