Faire une revue qui ouvre l’architecture sur autre chose que l’architecture. Ainsi pourrait-on résumer la ligne éditoriale de Criticat dont le premier numéro a été présenté hier soir à la librairie le Genre Urbain par ses quatre fondateurs principaux, trois architectes Valéry Didelon, Françoise Fromonot, Pierre Chabard et un historien de l’architecture Bernard Marrey. Criticat est donc une revue autour de l’architecture et de l’urbanisme, semestrielle (pour l’instant), qui veut faire sortir architecture et urbanisme d’un petit milieu confiné. Au vu de certaines réflexions lors de la présentation hier soir, ils ont bien raison de s’atteler à la tâche, comme pour celle qui me demande avec une curiosité sympathique ce que je peux bien faire pour être là ce soir, puisqu’en intervenant, j’ai précisé que je n’étais ni architecte ni urbaniste, ou encore cette remarque sans doute d’une enseignante en architecture, qui défend la périodicité semestrielle, tout à fait adaptée à leur vie qui tourne autour du semestre comme unité pédagogique avec les étudiants. Ou encore, ceux qui auraient préféré une approche plus thématique, une collection de petits ouvrages par sujet, mais non, ils ont choisi de faire de Criticat une revue et ils ont eu raison.
Je ne présenterai pas l’ensemble de la revue (que Valéry Didelon ne m’en tienne pas rigueur ;-), dont on peut consulter le sommaire sur le site de Criticat. Mais je ferai un petit focus sur le premier dossier, parce qu’il colle particulièrement bien avec Paris est sa banlieue, mais aussi parce qu’il est très représentatif de ligne éditoriale de Criticat. La revue s’ouvre sur un dossier Des tours à Paris, dans lequel on trouve une analyse de Françoise Fromonot, quelques « perles » pêchées dans la presse, comme par exemple Claude Goasguen déclarant « on démolit des tours en banlieue parce qu’elles sont inhabitables et on voudrait en édifier dans la capitale ? C’est absurde » (l’Express 26-01-2004), une chronologie bien documentée sur la question de la hauteur à Paris de 1867 à 2007, et puis les auteurs sur la hauteur, rassemblant des points de vues de personnages aussi variés que Roland Barthes (extraordinaire texte sur la Tour Eiffel), François Mitterrand qui aime les tours, Rem Koolhass ou encore Le Corbusier. Sortant du dossier, un texte de Rem Koolhaas Bigness, ou le problème de la grande taille de 1994, traduit en français pour la première fois, vient très heureusement compléter cette partie.

Lors du séminaire Pariphérie auquel j’avais été invité en novembre dernier, Valéry Didelon me faisait remarquer qu’architectes et urbanistes étaient plutôt absents de Paris est sa banlieue. J’espère que cette nouvelle revue m’aidera et les faire entrer dans ces pages. Criticat me semble d’ailleurs être une revue que les lecteurs habituels de Paris est sa banlieue devraient aimer, et dont ils pourraient bien faire leur revue.
Le sommaire du numéro 1 de Criticat est complété par un enquête de Valéry Didelon sur les tribulations du 51 rue de Bercy, première œuvre de Frank 0.Gehry à Paris, un entretien de Pierre Chabard avec l’architecte Alan Colquhoun, un article de Bernard Marrey sur un aspect peu connu de Frank Lloyd Wright.
On peut s’abonner en ligne sur le site de Criticat, mais on peut aussi la trouver à la Librairie le Genre Urbain, 30 rue de Belleville, dans le 20ème à Paris, juste au-dessus du métro Belleville.
à suivre…
Jean-Paul Chapon