2. La sonie ou l’intensité de l’acouphène
La mesure de l’intensité de l’acouphène peut s’effectuer à l’aide d’un audiomètre clinique classique. L’intensité de l’acouphène est généralement située aux alentours des 5 dB au dessus du seuil d’audition représentant 80% des patients (TYLER). La mesure de la sonie peut être effectuée à toutes les fréquences, nous fournissant ainsi une courbe d’intensité de l’acouphène aux différentes fréquences pouvant être représentées sur l’audiogramme. Cette mesure peut aussi être effectuée à l’aide d’une échelle graduée visuelle, mais il faut considérer dès lors cette mesure comme le reflet de la gêne due à l’acouphène. Il faut en effet garder à l’esprit que les caractères physiques de l’acouphène, comme son timbre ou son intensité, n’ont pas de rapports directs avec la gêne ressentie par le patient. Cette gêne serait plutôt liée à des troubles psychologiques, des difficultés à trouver le sommeil, des instabilités du système émotionnel (système limbique) certainement liés à l’acouphène mais pas directement à ses caractéristiques. Une mesure de l’intensité de l’acouphène se fera classiquement via des systèmes autres que les échelles (mais elles peuvent être utilisées parallèlement). Généralement pour situer l’acouphène, on mesure son intensité à la fréquence précédemment relevée.
La perception de l’intensité est codée par le pattern de décharge ainsi que le nombre de fibres activées. Un acouphène intense peut dès lors correspondre à un taux de décharge élevé, à un nombre important de fibres activées, ou alors les deux. Ainsi les changements dans l’intensité de l’acouphène peuvent correspondre à un changement dans le nombre de fibres nerveuses impliquées ou dans le taux de décharge des potentiels d’action. L’intensité de l’acouphène est généralement perçue comme légère à forte sur une échelle. Sur une échelle de ce type, graduée de 1 à 10, TYLER et SCHOUFFER, en 1990, notent une moyenne de 6.3 (a= 2.3).
FOWLERa utilisé son test de la balance (test de balance binaurale) pour mesurer l’intensité de l’acouphène, il utilise pour cela un son pur et stimule le sujet de façon controlatérale en demandant d’ajuster l’intensité du son extérieur afin d’obtenir le même niveau que l’acouphène par pas de 1 dB. Il utilise un son pur de fréquence la plus proche de l’acouphène. La différence entre le seuil obtenu et le seuil absolu d’audition quantifie ainsi en dB SL le niveau de l’acouphène. Cette technique sera reprise dans les études de MORTIMER, REED, DONALDSON, BAILEY, ROESER, PRICE, SCHAILER, TYLER et COLES.
Souvent inférieure à 5dB, la plainte était très grande ce qui justifiait l’apparition des échelles visuelles développées par TYLER. Le problème du recrutement quant à la fiabilité des résultats a conduit GOODWIN et JOHNSON à développer le test de balance monaurale.