C'est une série noire. Des éléments ripoux des forces de défense et de sécurité (armée et gendarmerie) semblent s'être passé le mot ces derniers temps : installer un climat de terreur au Cameroun.
Le projet prospère. Les braquages à répétition, avec armes à feu de service, impliquant des militaires, inondent ces derniers temps les colonnes de la presse et renforcent le sentiment d'insécurité chez de nombreux Camerounais.
C'est au cœur de la capitale à Yaoundé que l'incident le plus récent s'est produit vendredi dernier. Nos confrères de L'Actu en ont fait leur Une en titrant mardi dernier : « Des éléments du Bir braquent à Yaoundé ». La nuit tombée, quatre soldats du Bataillon d'intervention rapide (Bir), corps d'élite de l'armée camerounaise, ont dépouillé des commerçants du petit marché situé derrière la « Poste centrale ». Un gendarme du poste de gendarmerie situé à « l'immeuble de la mort » a surpris les militaires, qui ont prétendu être « en mission », avant de prendre la fuite. La gendarmerie a ouvert une enquête. Un reçu de transfert d'argent a été égaré par l'un des fuyards.
Bir
La veille de ce braquage à Yaoundé, un gang de quatre hommes armés, dont trois arborant des tenues militaires laissant apparaître des attributs du Bir a fait irruption dans une maison d'habitation au quartier Logpom à Douala. C'était dans la nuit du 16 au 17 juin. Ils ont ligoté les habitants de la maison et procédé à une fouille des lieux. Après avoir récupéré bijoux, argent et téléphones portables, les malfrats ont éventré et emporté une voiture. Dans leur fuite, les bandits armés de pistolets et d'un Fal ont tiré plusieurs coups de feu en l'air. Une plainte a été déposée à la division régionale de la Police judicaire à Bonanjo. Des douilles de balles ont été retrouvées sur le lieu du braquage, ainsi que la sacoche du Fal oubliée.
Dans la nuit du 8 au 9 juin à Yaoundé, Grégoire Mboumbouo, caporal chef en service au Bataillon d'infanterie motorisée (Bim) à Ebolowa, stoppe un véhicule de marque Toyato Prado, immatriculé Ce 526 bj, appartenant à la Sopecam. Il se présente au chauffeur à qui il demande d'immobiliser le véhicule. Sous le coup des menaces du soldat, le chauffeur obéit. Habillé en civil, le militaire lui fait savoir qu'il a cogné un enfant et s'est enfui. Fusil en main, désormais dans le véhicule, il prend la fuite après avoir contraint le chauffeur à quitter le volant. Celui-ci parvient à composer le 113. Dans sa fuite, le caporal chef se retrouve sur la route de la brigade de Ngousso. Pris dans l'étau des gendarmes, il est sommé trois fois de se rendre. Il refuse d'obtempérer et se met plutôt à tirer. De cet échange de coup de feu, le caporal chef ne sortira pas vivant.
Un cas de braquage a même rattrapé un haut gradé de l'armée. L'officier supérieur de la marine, chef des ateliers navals à la base navale de Douala, le Commandant Nestor Ndeke a été mis sous mandat de dépôt le 10 mai dernier à la prison de New Bell avec dix autres personnes, dont une femme, toutes soupçonnées d'avoir pris part à l'attaque d'Ecobank, menée par des assaillants lourdement armés dans la nuit du 18 au 19 mars 2011 à Bonabéri. Le coffre fort avait été éventré, la somme de 206 millions FCFA emportée par les malfaiteurs et cinq camerounais avaient perdu la vie. Le Commandant Nestor Ndeke, parle de règlement de comptes et affirme son innocence.
Munitions
Le 26 mai dernier, l'adjudant chef David Mbardoka a été interpellé par les militaires du 5eme Bir, à 15 km de l'arrondissement de Belel dans la région de l'Adamaoua, quelques heures après une attaque de coupeurs de route. Le lendemain, il a été limogé de son poste de commandant de la brigade de gendarmerie, puis gardé à vue dans six unités différentes de la gendarmerie, pour complicité avec les coupeurs de route. Dans sa déposition, il nierait les faits, affirmant qu'il a laissé son arme de service sur le capot de son véhicule alors qu'il était en patrouille et ne s'en était pas rendu compte. L'arme a été ramassée par un militaire du Bir en patrouille. L'ex-commandant de brigade serait impliqué dans trois attaques de coupeurs de route. Un manque de munitions et de chargeurs aurait été constaté dans son magasin. Des chargeurs et des munitions de Ak 47 appartenant au Centre de perfectionnement des forces armées nationales de Ngaoundal (Cpfan) auraient été retrouvés dans son domicile.
Ces cas non exhaustifs ont eu lieu dans un intervalle de trois mois. La réaction des forces de sécurité a souvent permis de rattraper les suspects, aussitôt livrés à la justice.